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Par Cruella le 1 Septembre 2022 à 10:10
Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos
Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie
Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil en tien cerné d'un monde indifférent
J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.Paul Eluard *
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Par Cruella le 29 Août 2022 à 09:40
Le temps viendra
où, avec allégresse,
tu t'accueilleras toi-même, arrivant
devant ta propre porte, ton propre miroir,
et chacun sourira du bon accueil de l'autreet dira : assieds-toi. Mange.
Tu aimeras de nouveau l'étranger qui était toi.
Donne du vin. Donne du pain. Redonne ton cœur
à lui-même, à l'étranger qui t'a aimétoute ta vie, que tu as négligé
pour un autre, et qui te connait par cœur.
Prends sur l'étagère les lettres d'amour,les photos, les mots désespérés,
détache ton image du miroir.
Assieds-toi. Régale-toi de ta vie.Derek Walcott *
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Par Cruella le 17 Août 2022 à 09:30
On y descend par une spirale, une damnation.
De la vue, à la voix. de la voix, au souffle, parfum, odeurs.
De l'odeur au goût : mordre, enfoncer, salives.
Fonds du puits, intérieur ultime est le toucher.
Le touché absolu du corps. la jouissance et la décomposition.
Le touché des mains, de la chair, la coexistence en un même lieu mental, en un même corps des corps, le dire dans la bouche, le goût, le souffle, l'entrelacement qui respire pénètre.
Pour la méditation des cinq sens, là était la recollection de mortalité.
Si la distance évanouissante des deux corps, brûlant de leur infiniment présente brûlure : paradis veillant sur son envers.
Toutes stations que maintenant je descends en enfer, par le souvenir.
"Quelque chose noir" Jacques Roubaud
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Par Cruella le 3 Août 2022 à 09:30
En 1955, 10 ans après que les États-Unis aient lâché une bombe sur Hiroshima (Japon), le poète turc Nâzim Hikmet a écrit un poème. Une petite fille de 7 ans, morte dans cet instant horrible, y fait entendre sa voix. La traduction japonaise par Nobuyuki Nakamoto, « Shinda Onnanoko » (« la fille morte ») est souvent chantée lors des commémorations de cette atrocité. La guerre est abominable et devant l’élargissement du conflit, nous devons écouter de nouveau ses paroles, aussi belles qu’obsédantes :
Je viens et je me dresse devant chaque porte
mais personne n’entend le silence de mes pas.
Je frappe, mais l’on ne me voit pas
Car je suis morte, je suis morteJ’ai 7 ans seulement, pourtant je suis morte
à Hiroshima il y a longtemps.
J’ai toujours 7 ans comme au jour de ma mort,
Les enfants morts ne grandissent pasMes cheveux se sont enflammés à la flamme tournoyante
Mes yeux se sont éteints, ils sont devenus aveugles.
La mort est venue, elle a réduit mes os en poussière
que le vent a dispersée.Je ne demande pas de fruits, je ne demande pas de riz.
Je ne demande pas de bonbons, pas même du pain.
Je ne demande rien pour moi,
puisque je suis morte, je suis morteTout ce que je vous demande
c’est que vous vous battiez pour la paix, pour la paix,
pour que les enfants du monde
puisse vivre et grandir et rire et jouer.
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Par Cruella le 1 Août 2022 à 09:20
ET pourquoi faut-il une image?
Pourquoi, insensible à l'affirmation comme à la négation, dans le monde, insistante, subsistante, indestructible, pure répétition, même de rien, une image?
Pourquoi faut-il cette image?
Le monde s'est peuplé d'objets incolores, apatrides, noyau dur sur lequel la négation n'avait prise qu'au dixième tout une fois la couleur vidée, les mouvement, etc...
Mais à être-ainsi avais tu encore une définition?
Pas une définition terminée, pas une fin de conformité, à ta définition, pas une désignation coupée, un nom coupé. pas.
Entouré d'images de toi, choisies par ton regard. choisies et par ta pensée éclairées. pensée de l'argent du noir. dispersé en images de toi.
Ce n'est pas que tes images se dérobent. ce n'est pas qu'elles soient nombreuses, et mentent, pour rien. mais que je ne pourrai jamais en savoir plus.
Tu disais : "le singulier est idiot".
"Quelque chose noir" Jacques Roubaud
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