• Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir.
    Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés,
    qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau.
    Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux,
    qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions.
    Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber.
    Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie.

     

    poème de Frida Kahlo

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  • La nuit, les chevelures des femmes et les branches des saules se confondent. Je marchais au bord de l'eau. Tout à coup, j'entendis chanter : alors seulement je reconnus qu'il y avait là des jeunes filles.

    Je leur dis : «Que chantez-vous ?» Elles répondirent : «Ceux qui reviennent». L'une attendait son père et l'autre son frère ; mais celle qui attendait son fiancé était la plus impatiente.

    Elles avaient tressé pour eux des couronnes et des guirlandes, coupé des palmes aux palmiers et tiré des lotus de l'eau. Elles se tenaient par le cou et chantaient l'une après l'autre.

    Je m'en allai le long du fleuve, tristement, et toute seule, mais en regardant autour de moi, je vis que derrière les grands arbres la lune aux yeux bleus me reconduisait.

     

    Pierre Louÿs
    Les Chansons de Bilitis (1894/1897) *

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  •  

    Chute des reins, chute du rêve enfantin d’être sage,
    Fesses, trône adoré de l’impudeur,
    Fesses, dont la blancheur divinise encor la rondeur,
    Triomphe de la chair mieux que celui par le visage !

    Fesses, et leur ravin mignard d’ombre rose un peu sombre
    Où rôde le désir devenu fou,
    Chers oreillers, coussin au pli profond pour la face ou
    Le sexe, et frais repos des mains après ces tours sans nombres !

    Fesses, les grandes sœurs des seins vraiment, mais plus nature,
    Plus bonhomme, sourieuses aussi,
    Mais sans malices trop et qui s’abstiennent du souci
    De dominer, étant belles pour toute dictature !

     

    Paul Verlaine "Femmes" *

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  • Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire ;
    Je ne suis plus le charme de ses yeux ;
    Ma voix n'a plus l'accent qui vient des cieux,
    Pour attendrir sa jalouse colère ;
    Il ne vient plus, saisi d'un vague effroi,
    Me demander des serments ou des larmes :
    Il veille en paix, il s'endort sans alarmes :
    Malheur à moi !

    Las de bonheur, sans trembler pour ma vie,
    Insoucieux, il parle de sa mort !
    De ma tristesse il n'a plus le remord,
    Et je n'ai pas tous les biens qu'il envie !
    Hier, sur mon sein, sans accuser ma foi,
    Sans les frayeurs que j'ai tant pardonnées,
    Il vit des fleurs qu'il n'avait pas données :
    Malheur à moi !

    Distrait d'aimer, sans écouter mon père,
    Il l'entendit me parler d'avenir :
    Je n'en ai plus, s'il n'y veut pas venir ;
    Par lui je crois, sans lui je désespère ;
    Sans lui, mon Dieu ! comment vivrai-je en toi ?
    Je n'ai qu'une âme, et c'est par lui qu'elle aime :
    Et lui, mon Dieu, si ce n'est pas toi-même,
    Malheur à moi !

     

    Marceline DESBORDES-VALMORE (1786 - 1859) *

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    Poète noir, un sein de pucelle
    te hante,
    poète aigri, la vie bout
    et la ville brûle,
    et le ciel se résorbe en pluie,
    ta plume gratte au cœur de la vie.
    Forêt, forêt, des yeux fourmillent
    sur les pignons multipliés ;
    cheveux d’orage, les poètes
    enfourchent des chevaux, des chiens.
    Les yeux ragent, les langues tournent,
    le ciel afflue dans les narines
    comme un lait nourricier et bleu;
    je suis suspendu à vos bouches
    femmes, cœurs de vinaigre durs.


    Poème extrait du recueil « L'Ombilic des limbes » Antonin Artaud *

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