-
Par Cruella le 9 Novembre 2022 à 09:50
Le Démon, dans ma chambre haute,
Ce matin est venu me voir,
Et, tâchant à me prendre en faute,
Me dit : " Je voudrais bien savoir,
Parmi toutes les belles choses
Dont est fait son enchantement,
Parmi les objets noirs ou roses
Qui composent son corps charmant,
Quel est le plus doux. " - Ô mon âme !
Tu répondis à l'Abhorré :
" Puisqu'en Elle tout est dictame,
Rien ne peut être préféré.
Lorsque tout me ravit, j'ignore
Si quelque chose me séduit.
Elle éblouit comme l'Aurore
Et console comme la Nuit ;
Et l'harmonie est trop exquise,
Qui gouverne tout son beau corps,
Pour que l'impuissante analyse
En note les nombreux accords.
Ô métamorphose mystique
De tous mes sens fondus en un !
Son haleine fait la musique,
Comme sa voix fait le parfum ! "Charles BAUDELAIRE (1821 - 1867) *
votre commentaire -
Par Cruella le 3 Novembre 2022 à 09:30
Se sentant perdu dans cette société brisée
Où ont disparu peu à peu liberté, égalité, fraternité
Sauf durant les moments festifs et tragiques
Pourquoi me sens-je perdu dans ce pays, jadis, si magique ?
Exilé de l'intérieur, je vois se déconstruire le pays de mes parents
L'impression d'être un étranger dans cette nation que j'aime tant
Où les racines, la culture, le terroir que j'aime passionnément,
Se désagrègent sous le feu des idéologies d'un autre temps
Je n'ai pas raté une étape, j'ai pris conscience de la tragédie
Lorsque les apparences priment sur les idées et la vie
De nos enfants, dans un futur qui grouille d'incertitudes
Je ne perçois que la décadence, le médiocre et la décrépitude
Quelquefois, je vois l'espoir renaître parmi les cendres
D'un passé où il n'était pas subversif de vouloir comprendre
Ses origines, sans subir les injonctions de la bien-pensance
Aimer à détester son histoire n'est pas ma définition de la France
Éduquer passe par l'affection et la discipline
Instruire, par la transmission, depuis nos racines
Jusqu'à former des esprits critiques et réfléchis
Pas seulement en demandant de se taire et de rester assis !
Exilé de l'intérieur, je résiste à la destruction autoprogrammée
De la culture, de la civilisation, du passé que j'ai appris à accepter
L'avenir se construit chaque jour sur la mémoire de nos ancêtres
Arrêtons de vouloir tout posséder, essayons déjà d'être !
© Nicolas BOUVIER *
votre commentaire -
Par Cruella le 25 Octobre 2022 à 09:40
Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune,
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive ?
Dans l’interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.Paul Verlaine (1844-1896) *
votre commentaire -
Par Cruella le 11 Octobre 2022 à 10:00
La cimaise ayant chaponné
Tout l'éternueur
Se tuba fort dépurative
Quand la bixacée fut verdie :
Pas un sexué pétrographique morio
De mouffette ou de verrat.
Elle alla crocher frange
Chez la fraction sa volcanique
La processionnant de lui primer
Quelque gramen pour succomber
Jusqu'à la salanque nucléaire.
« Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
Avant l'apanage, folâtrerie d'Annamite !
Interlocutoire et priodonte. »
La fraction n'est pas prévisible :
C'est là son moléculaire défi.
« Que ferriez-vous au tendon cher ?
Discorda-t-elle à cette énarthrose.
- Nuncupation et joyau à tout vendeur,
Je chaponnais, ne vous déploie.
-Vous chaponniez ? J'en suis fort alamante.
Eh bien ! débagoulez maintenant. »
(*)parodie de la cigale et la fourmi, composé dans le cadre de l’Oulipo :
«OUvroir de LIttérature POtentielle »Raymond Queneau *
votre commentaire -
Par Cruella le 29 Septembre 2022 à 09:40
Le Phénix rend hommage à Dominique la troisième compagne de Paul Eluard. Grâce à elle, tel le phénix, le poète renaît de ses cendres après le départ de Gala et la mort prématurée de Nusch, ses deux premières muses. De très beaux poèmes, chantant la vie, la femme et l’amour renaissant
Air Vif
J’ai regardé devant moi
Dans la foule je t’ai vue
Parmi les blés je t’ai vue
Sous un arbre je t’ai vue
Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l’eau et du feu
L’été l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue
Entre mes bras je t’ai vue
Dans mes rêves je t’ai vue
Je ne te quitterais plus.Paul Eluard paru 1951 *
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique