-
Par Cruella le 16 Août 2021 à 09:25
La mer de ma vie a été pendant cinq ans à sa marée basse ;
De longues heures ont laissé rouler le sable par flux et reflux ;
Depuis que je fus enlacé dans les rets de ta beauté,
Que je fus séduit par le dégantement de ta main.
Et maintenant je ne fixe plus le ciel à minuit,
Sans que m'apparaisse la lueur de tes yeux restée vivace en moi ;
Jamais je n'admire la couleur d'une rose,
Sans que mon âme prenne son élan vers ta joue ;
Il m'est impossible de regarder une fleur en bouton,
Sans que mon oreille passionnée, en pensée à tes lèvres,
Et guettant un amoureux soupir, se rassasie
De sa douceur en sens inverse: - Tu éclipses
Avec ton souvenir toutes les autres délices,
Et mélanges de chagrin mes plaisirs les plus chers.
votre commentaire -
Par Cruella le 4 Août 2021 à 10:30
Et tombe une ceinture de soie
À ses pieds --- tel un serpent divin
On me dit que je serai calme
Un jour, là-bas, sous la terreJe vois, arrogant et vieux
Mon profil sous le brocart blanc
Quelque part --- des gitans --- des guitares
Et des garçons en manteau noirEt quelqu'un se cachant sous un masque
--- Qui est-ce ? --- Je ne sais --- Devine !---
Et tombe la ceinture de soie
Sur la place, ronde comme le paradis14 mai 1917
Marina Tsvetaeva *
votre commentaire -
Par Cruella le 29 Juillet 2021 à 10:40
Non seulement cette belle main nue
Qui s’est gantée, à mon grand détriment,
Mais l’autre, et ces deux bras : qu’ils sont habiles,
Qu’ils sont prompts à étreindre mon cœur timide !
Mille pièges me tend Amour, aucun en vain,
Ce sont les tendres formes, pour moi si neuves,
De ce corps noble et chaste : si célestes
Qu’aucun art, aucune pensée, ne peuvent les rendre.
Yeux en paix, dont les cils répandent la lumière,
Bouche d’ange, superbe, qui laisse voir
Des perles et des roses, et prononce des mots
Si doux qu’ils font frémir de tant de merveille !
Puis ce front, et ces tresses : à midi, l’été,
Elles font oublier que le soleil brille."Je vois sans yeux et sans bouche je crie" Pétrarque *
votre commentaire -
Par Cruella le 18 Juillet 2021 à 11:29
Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,
Des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.
Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,
Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.
Seigneur, l’un voudrait une corde avec un noeud au bout,
Mais ça n’est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.
Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.
Je lui ai donné de l’opium pour qu’il aille plus vite en paradis.
Je pense aussi aux musiciens des rues,
Au violoniste aveugle, au manchot qui tourne l’orgue de Barbarie,
A la chanteuse au chapeau de paille avec des roses de papier ;
Je sais que ce sont eux qui chantent durant l’éternité.
Seigneur, faites-leur l’aumône, autre que de la lueur des becs de gaz,
Seigneur, faites-leur l’aumône de gros sous ici-bas.
Seigneur, quand vous mourûtes, le rideau se fendit,
Ce qu’on vit derrière, personne ne l’a dit.
La rue est dans la nuit comme une déchirure
Pleine d’or et de sang, de feu et d’épluchures.
Ceux que vous avez chassé du temple avec votre fouet,
Flagellent les passants d’une poignée de méfaits.
L’Etoile qui disparut alors du tabernacle,
Brûle sur les murs dans la lumière crue des spectacles.
Seigneur, la Banque illuminée est comme un coffre-fort,
Où s’est coagulé le Sang de votre mort.
Les rues se font désertes et deviennent plus noires.
Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs.
J’ai peur des grands pans d’ombre que les maisons projettent.
j’ai peur. Quelqu’un me suit. Je n’ose tourner la tête.
Un pas clopin-clopant saute de plus en plus près.
J’ai peur. J’ai le vertige. Et je m’arrête exprès.
Un effroyable drôle m’a jeté un regard
Aigu, puis a passé, mauvais comme un poignard.
Seigneur, rien n’a changé depuis que vous n’êtes plus Roi.
Le mal s'est fait une béquille de votre croix.
"Du monde entier au coeur du monde" Blaise Cendrars *
votre commentaire -
Par Cruella le 7 Juillet 2021 à 10:00
Amitié, doux repos de l’âme,
Crépuscule charmant des cœurs.
Pourquoi, dans les yeux d’une femme,
As-tu de plus tendres langueurs ?
Ta nature est pourtant la même;
Dans le cœur dont elle a fait don
Ce n’est plus la femme qu’on aime,
Et l’amour a perdu son nom.
Mais comme en une pure glace
Le rayon se colore mieux,
Le sentiment qui le remplace
Est plus visible en deux beaux yeux.
Dans un timbre argentin de femme
Il a de plus tendres accents :
La chaste volupté de l’âme
Devient presque un plaisir des sens.
De l’homme la mâle tendresse
Est le soutien d’un bras nerveux;
Mais la vôtre est une caresse
Qui frissonne dans les cheveux.
Oh ! laissez-moi, vous que j’adore
Des noms les plus doux tour à tour,
Ô femmes ! me tromper encore
Aux ressemblances de l’amour !
Douce ou grave, tendre ou sévère,
L’amitié fut mon premier bien !
Quelque soit la main qui me serre,
C’est un cœur qui répond au mien.
Non, jamais ma main ne repousse
Ce symbole d’un sentiment;
Mais lorsque la main est plus douce,
Je la serre plus tendrement.
Alphonse de Lamartine *
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique