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Par Cruella le 11 Décembre 2020 à 11:07Beau fantôme de l'innocence,Vêtu de fleurs,Toi qui gardes sous ta puissanceUne âme en pleurs !Ô toi qui devanças nos hontesEt nos revers,Es-tu si grand que tu surmontesTout l'univers !Le reste, comme la poussière,S'est envolé,Devant le feu de ma paupièreTout s'est voilé,Tout s'est enfui, flamme et fumée,Tout est au vent ;Toi seul sur mon âme enferméePlanes souvent.Pour courir à ta voix qui crie :« Éternité ! »Pour monter à Dieu que je prie,J'ai tout jeté.La nuit, pour chasser un mensongeQui me fait peur,Ta main, plus forte que le songe,Étreint mon coeur.Quelle absence est assez profondePour te braver,Quand ton regard perce le mondePour nous trouver ?De mon âme ont jailli des âmesDignes de toi :Au milieu de ces pures flammes,Ressaisis-moi !Beau fantôme de l'innocenceVêtu de fleurs,Oh ! Garde bien en ta puissanceNotre âme en pleurs.Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
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Par Cruella le 3 Décembre 2020 à 09:37
Toi le féminin
Ne nous délaisse pas
Car tout ce qui n'est pas mué en douceur
ne survivra pas
Toi qui survivras
Révèle-nous ton mystère que peut-être
Toi-même tu ignores
sinon le mystère ne serait pas
N'est-ce pas que le printemps est empli
d'oiseaux dont l'appel se perd au loin
Que l'été nous écrase de son incandescence
sont la senteur nous poigne jusqu'aux larmes
Que l'automne nous laisse désemparés
par son trop-plein de couleurs, de saveurs
Que l'ultime saison rompt le cercle
Nous plongeant dans l'abîme
de l'inguérissable nostalgie
Mais en toi demeure le mystère que peut-être
toi-même tu ignores
En toi ce que est perdu, ce qui est à venir
Étant d'avant la pluie au furtif nuage
Colline après l'orage au contour plein
Ne nous délaisse pas
Toi le féminin
Hormis ton sein
quel lieu pour renaître ?"Le livre du Vide médian" François Cheng *
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Par Cruella le 17 Novembre 2020 à 10:52
Enfants ! ma voix s'enferme trop souvent.
Vous grandissez, impatients d'orage ;
Votre aile s'ouvre, émue au moindre vent.
Affermissez votre raison qui chante ;
Veillez sur vous comme a fait mon amour ;
On peut gronder sans être bien méchante :
Embrassez-moi, grondez à votre tour.
Vous n'êtes plus la sauvage couvée,
Assaillant l'air d'un tumulte innocent ;
Tribu sans art, au désert préservée,
Bornant vos voeux à mon zèle incessant :
L'esprit vous gagne, ô ma rêveuse école,
Quand il fermente, il étourdit l'amour.
Vous adorez le droit de la parole :
Anges, parlez, grondez à votre tour.
Je vous fis trois pour former une digue
Contre les flots qui vont vous assaillir :
L'un vigilant, l'un rêveur, l'un prodigue,
Croissez unis pour ne jamais faillir,
Mes trois échos ! l'un à l'autre, à l'oreille,
Redites-vous les cris de mon amour ;
Si l'un s'endort, que l'autre le réveille ;
Embrassez-le, grondez à votre tour !
Je demandais trop à vos jeunes âmes ;
Tant de soleil éblouit le printemps !
Les fleurs, les fruits, l'ombre mêlée aux flammes,
La raison mûre et les joyeux instants,
Je voulais tout, impatiente mère,
Le ciel en bas, rêve de tout amour ;
Et tout amour couve une larme amère :
Punissez-moi, grondez à votre tour.
Toi, sur qui Dieu jeta le droit d'aînesse,
Dis aux petits que les étés sont courts ;
Sous le manteau flottant de la jeunesse,
D'une lisière enferme le secours !
Parlez de moi, surtout dans la souffrance ;
Où que je sois, évoquez mon amour :
Je reviendrai vous parler d'espérance ;
Mais gronder... non : grondez à votre tour !Marceline Desbordes-Valmore, Bouquets et prières *
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Par Cruella le 11 Novembre 2020 à 12:00
Voyez-vous ce blessé qui se tord sur la terre?
Il va mourir ici, près du bois solitaire,
Sans que de sa souffrance un seul cœur ait pitié;
Mais ce qui doublement fait saigner sa blessure,
Ce qui lui fait au cœur la plus âpre morsure,
C’est qu’en se souvenant, il se sent oublié.
M. Lermontov
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Par Cruella le 6 Novembre 2020 à 11:20
Ta bouche a deux façons charmantes de causer,
Deux charmantes façons : le rire et le baiser.
Si vous voulez savoir celle que je préfère,
J’aime mieux celle-ci, mais l’autre m’est plus chère.Albert Mérat *
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