• Terre Lune, Terre Lune
    Ce soir j'ai mis mes ailes d'or
    Dans le ciel comme un météore
    Je pars
    Terre Lune, Terre Lune
    J'ai quitté ma vieille atmosphère
    J'ai laissé les morts et les guerres
    Au revoir
    Dans le ciel piqué de planètes
    Tout seul sur une lune vide
    Je rirai du monde stupide
    Et des hommes qui font les bêtes
    Terre Lune, Terre Lune
    Adieu ma ville, adieu mon cœur
    Globe tout perclus de douleurs
    Bonsoir.

     

    Boris Vian

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    Photométrie : Un mètre quatre-vingts pour cent dix kilos sans la moindre chaussette, le quinquagénat à son mi-terme, une sorte de bonbonne à gaz sur pattes, le teint gris-jaune couleur document de police vieux de plusieurs ministres, une tête en forme de poire avec un nez énorme planté comme un tubercule rougeaud en plein milieu, des sourcils broussailleux couleur foin fané, des yeux gris-vert tirant sur le glauque d'une mare datant du Mésozoïque, une tignasse incertaine cerne une calvitie tenace, en dépit des tonnes de produits capillaires dépensés chaque mois sur son salaire de flicard, et sur son pauvre crâne.
    Mazarin était vulgaire, son humour n'aurait pas déridé un camionneur tricard au bord d'une autoroute à putes, il était raciste, misogyne, et violent, et il ne s'en cachait pas, il se dégageait de lui une violente chimie à haute teneur en Pétrole Hahn et en parfums bon marché de toutes sortes, il s'habillait comme il pouvait, pire comme il ne le pouvait pas, avec des costumes trois-pièces trop ajustés et aux couleurs voyantes, des cravates impossibles, et des chemises censées rester blanches au bout d'une semaine d'utilisation prolongée, il ne possédait aucune culture, n'avait aucun goût pour rien de beau ni d'essentiel, il lisait à peine "L'Équipe", et "Le Parisien" édition Val-de-Marne, mais les tiroirs de son bureau débordaient de bandes dessinées pornographiques italiennes qu'il pliait vaguement dans un quotidien dérobé sur une table du hall d'accueil pour son aller-retour périodique aux toilettes. L'été, lorsque la chaleur s'abattait sur la banlieue parisienne comme un nuage de gaz toxique expulsé d'un volcan, aussi meurtrier qu'invisible, le rythme de ses allers-retours vers les cabinets du couloir prenait parfois des proportions démesurées.
    Il était l'incarnation même de tous les maléfices du monde.
    C'était le meilleur inspecteur de police avec lequel j'avais jamais travaillé.
     
    "Villa Vortex - Liber Mundi, I"  Maurice G. Dantec
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