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    J’entends au-dessus de moi dans les cieux
    Les anges qui chantent entre eux
    Ils ne peuvent trouver de mot d’amour plus grand
    Que celui-ci : "Maman" 

    Edgar Allan Poe

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    Khalil Gibran (lu par Michael Lonsdale)

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  • Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel jour, ou quel mois, ou quelle l'année, sans y trouver, à chaque ligne, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées, relatives au progrès et à la civilisation. Tout journal, de la première ligne à la dernière, n'est qu'un tissu d'horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicités, tortures, crimes des princes, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d'atrocité universelle. Et c'est de ce dégoûtant apéritif que l'homme civilisé accompagne son repas de chaque matin. Tout, en ce monde, sue le crime: le journal, la muraille et le visage de l'homme. Je ne comprends pas qu'une main puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût.

    C. Baudelaire

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  • Albine, aussi étrange que cela puisse paraître, aimait passionnément son mari dont elle faisait pourtant seulement connaissance. Il était naturel qu’elle trouvât dans la réalité du mariage bien des choses moins poétiques qu’elle n’avait supposé. Mais en revanche, parce que c’était un homme bien réel et bien vivant, elle trouva en lui bien des choses simples et bonnes qu’elle n’aurait pas imaginées. Les amis d’Albine lui avaient bien parlé de sa bravoure pendant la guerre et de sa vaillance lorsqu’il eut perdu la liberté et la fortune. Elle se l’était toujours figuré comme vivant sa vie hautaine de héros. Mais, en réalité, malgré sa force physique extraordinaire et sa bravoure, il ne lui était apparu que comme un simple et bon agneau, un homme tranquille avec un sourire d’enfant sur une bouche vermeille, le visage encadré de cette barbe blonde qui avait déjà séduit Albine à Rojanka. Il était toujours le même et seule une courte pipe qui ne s’éteignait jamais était nouvelle pour la jeune femme et la gêna beaucoup, surtout au moment de sa grossesse.

     

    Quant à Migourski, maintenant seulement il connaissait Albine et pour la première fois la femme se révélait à lui. Car il ne pouvait juger d’après celles  qu’il avait connues avant son mariage. Ce qu’il avait découvert en elle, comme dans les femmes en général, l’avait étonné et l’aurait pu désenchanter s’il n’avait pas trouvé en lui un sentiment de tendresse et de — reconnaissance. Pour Albine, comme pour la femme en général, il avait un sentiment de condescendance un peu ironique, mais pour la personnalité d’Albine il ressentait non seulement un amour très tendre, mais une sorte de ravissement et la conscience d’une dette de reconnaissance pour le sacrifice fait qui lui donnait un bonheur immérité, disait-il.

    Ainsi l’amour les rendait heureux. Vivant l’un pour l’autre, ils éprouvaient, parmi les étrangers, le sentiment qu’éprouvent deux êtres égarés en plein hiver et qui naturellement se réchauffent.

    Léon Tolstoï "Histoire d’un pauvre homme"

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  • Mais si l’homme, comme dans notre société, ne tend que vers l’amour corporel, le revêtît-il des prétextes, de la forme fausse du mariage, il n’aura que la débauche permise, il ne connaîtra que la même vie immorale où j’ai succombé et fait succomber ma femme, vie qui s’appelle chez nous la vie honnête de la famille. Songez quel pervertissement d’idées doit naître quand la situation la plus heureuse de l’homme, la liberté, la chasteté est regardée comme une chose misérable et ridicule. Le plus haut idéal, la meilleure situation de la femme, être pure, être une vestale, une vierge, provoquera peur et la risée dans notre société. Combien et combien de jeunes filles sacrifient leur pureté à ce Moloch de l’opinion, en se mariant avec des canailles pour ne pas  demeurer vierges, c’est-à-dire supérieures ? De peur de se trouver dans cet état idéal, elles se perdent. (*)

    Mais je ne comprenais pas, jadis, je ne comprenais pas que les paroles de l’Évangile : « que celui qui regarde la femme avec volupté commet déjà l’adultère avec elle, » ne se rapportent pas aux femmes d’autrui, mais notamment et surtout à notre femme. Je ne comprenais pas, et je pensais que cette Lune de Miel, et tous mes actes durant cette période étaient vertueux, que satisfaire ses désirs avec sa femme est une chose éminemment chaste. Comprenez donc, ce départ, ces isolements, que les jeunes mariés arrangent avec la permission des parents, je crois que ce n’est autre chose, décidément, que la permission de faire la noce.

    Je ne voyais donc en cela rien de mauvais ni de honteux, et, en espérant de grandes joies, je commençais de vivre la Lune de Miel. Et bien certainement il n’en résulta rien ! Mais j’y avais foi, je la voulus coûte que coûte. Plus je m’efforçais, moins j’  aboutissais. Tout ce temps je me sentis anxieux, honteux et ennuyé. Bientôt, je commençais à en souffrir. Je crois que le troisième ou le quatrième jour, je trouvai ma femme triste et lui en demandai la raison. Je me mis à l’embrasser, ce qui à mon avis était tout ce qu’elle pouvait désirer. Elle m’écarta de la main et se mit à pleurer.

    De quoi ? Elle ne put me le dire. Elle était chagrine, angoissée. Probablement ses nerfs torturés lui avaient suggéré la vérité sur l’ignominie de nos relations, mais elle ne trouvait pas les termes pour le dire. Je me mis à la questionner ; elle répondit qu’elle avait le regret de sa mère absente. Il m’apparut qu’elle ne disait pas vrai. Je cherchai à la consoler en gardant le silence sur ses parents. Je ne concevais pas qu’elle se sentait tout simplement accablée et que les parents n’y étaient pour rien. Elle ne m’écoutait pas ; et je l’accusai de caprice. Je me mis à la railler doucement. Elle sécha ses larmes et me reprocha, en termes durs et blessants, mon égoïsme et ma cruauté.  

    Je la regardai. Toute sa figure exprimait la haine, et cette haine était contre moi. Je ne puis vous exprimer l’effroi que j’éprouvai à cette vue. « Comment ! Quoi ! pensais-je. L’amour, c’est l’unité des âmes, et la voilà qui me hait ! moi ? Pourquoi ! Mais c’est impossible ! Ce n’est plus elle. »

    Je tâchai de la calmer. Je me heurtai à une inébranlable et froide hostilité, tellement que, sans avoir le temps de réfléchir, je fus pris d’une vive irritation. Nous échangeâmes des propos désagréables… L’impression de cette première brouille fut terrible. J’appelle cela brouille — mais le terme est inexact. C’était la découverte soudaine de l’abîme qui s’était creusé entre nous. L’amour était épuisé avec la satisfaction de la sensualité. Nous restâmes l’un en face de l’autre sous notre vrai jour, comme deux égoïstes qui cherchent à se procurer le plus de jouissances, comme deux individus qui cherchent à s’exploiter mutuellement.

    "La Sonate à Kreutzer" L. Tolstoï

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