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    Un ciel bleu, sec et froid, dur comme un diamant, tintant comme une cloche immense, allègre et joyeux comme un petit caillou, net, limpide, frais, eau glaciale sans une ride, infini, semblable à un aigle planant au-dessus de Paris, dardant sa froide précision céleste sur les maisons, bleuissant les toits, rosissant les murs, enveloppantchaque chose dans sa gaine inflexible. Voilà le temps que j’aime. Un temps dur et tendre à la fois, infaillible. Les gens dans la rue ont le visage rose, le nez pincé par le froid, les lèvres serrées et pâlies, les traits un peu figés mais resplendissants de bien-être.
    C’est un temps qui sait ce qu’il veut. Mon bel hiver ! Point de mollesse ni de lassitude, dans ce temps-là, pas d’indécision. Mais une sorte de fierté implacable, de volonté sans faille, de domination, de grandeur. A côté des cieux orageux de l’été, de cette énervante atmosphère de beurre fondu, des gros nuages bleus dégoulinants comme de la lave...Ici, pas de torpeur, pas d’hypocrisie. Un ciel raide et tendu comme un drap amidonné, un ciel ferme et vertical. (*)

     

     

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    Tiens-toi tranquille et retiens ta respiration. Retiens-la jusqu’à ce que tu ne puisses plus, et à ce moment-là, dis-toi qu’il faut absolument que tu respires, que tu as la figure toute noire, que tes yeux vont te tomber des joues… et que tu vas respirer maintenant, mais que tu es ficelé sur le fauteuil dans la jolie petite chambre à gaz de Saint-Quentin ; et quand tu respireras cet air que tu luttes de toutes tes forces pour ne pas avaler, ça ne sera pas de l’air qui viendra, mais du cyanogène… Et c’est ça qu’on appelle une exécution humanitaire dans notre État, maintenant.

    "Le Grand Sommeil"  Raymond Chandler

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