-
Par Cruella le 25 Octobre 2012 à 09:30
Les années passent.
Elle n'est pas malheureuse.
Elle n'est pas heureuse.
Elle n'est pas morte.
Elle n'est pas vive.
votre commentaire -
Par Cruella le 13 Octobre 2012 à 12:07
Ce n'est pas qu'il y ait deux monde, celui des riches et celui des pauvres. C'est bien plus fort que ça: il n'y a qu'un seul monde, celui des riches et, à côté ou en arrière, le bloc informe de ses déchets. Je me souviens du jour où mon père m'a emmenée dans une belle avenue de Nice. Il cherchait un cadeau pour l'anniversaire de ma mère. Je suis entrée avec lui dans une bijouterie. Mon visage était sale, j'avais roulé dans la poussière avec les autres enfants toute la matinée. Mon père n'était pas rasé, des taches de cambouis étoilaient son pantalon. Je n'oublierai jamais le regard de la vendeuse sur mon père. L'expérience de l'humiliation est comme celle de l'amour, inoubliable. Je ne sais pas ce qu'est l'âme. Je sais très précisément dans quelle partie du corps elle s'évapore, jusqu'à s'anéantir: un minuscule point sombre dans la prunelle des yeux - le mépris. Le pire, c'était l'étincelle revenue dans le regard de la vendeuse, le visage qui s'ouvrait devant la liasse de billets que mon père sortait de sa poche. Les yeux des hommes sont plus changeants que les yeux des loups. Ce qu'on y voit est beaucoup plus terrible.
"La folle allure" Christian Bobin *
votre commentaire -
Par Cruella le 6 Octobre 2012 à 10:43
On disait jadis, faire les "doux yeux", comme à l'inverse on fait les "gros" yeux à un enfant.
"Il y a longtemps que ce jeune homme fait la cour à cette veuve, qu'il lui fait les doux yeux" (Furetière, 1690). C'est sans doute la plus vieille façon de conquérir!
Les "yeux doux'" semble s'être fixés, dans cet ordre au début du XIX siècle: "Une autre Louise la remplaça immédiatement: c'était une cuisinière de la rue du Caire. Chaque fois qu'elle passait devant l'endroit où je travaillais, elle me faisait les yeux doux." (Le Bossu Mayeux, texte anonyme de 1832 qui peut être attribué à Emile Debraux).
Les échanges de regards étant bien sûr toujours de mise, nous avons dans ce monde changeant enfin une expression stable: "Comme il est touchant, Gérard! Il a pris la main de la fille et lui fait les yeux doux. Les yeux doux, mais avec un peu de défi tout de même." (Berroyer, Je vieillis bien, 1983).
Claude Duneton
votre commentaire -
Par Cruella le 26 Septembre 2012 à 09:49
Plus que dans ses vêtements ou dans ses gestes, la force d'un homme, le tuteur invisible autour duquel s'enroule son âme, se voit dans ses yeux. Les yeux de cet homme-là disaient, en même temps qu'une noblesse de classe, une impatience sans cesse contenue.
votre commentaire -
Par Cruella le 9 Septembre 2012 à 12:41Seulement regarder:
Je préfère ce qui n'est pas dans le monde, ce qui flotte légèrement au-dessus, je préfère ne pas entrer dans le monde et rester sur le seuil, regarder, indéfiniment regarder, passionnément regarder, seulement regarder.
"Geai" C.Bobin *
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique