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    Grâce à la beauté, le monde n'est nullement un espace neutre, insipide et insignifiant ; l'existence humaine, non plus, n'est nullement un séjour aveugle, sans but ni visée, fermée au devenir et à la possibilité de dépassement. Au contraire, le monde est plein d'attraits et d'appels, plein de signes et de sens. Et notre existence, elle aussi, est chargée de désirs et d'élans, elle va dans un sens et elle a un sens. Déjà en nous-mêmes nous poussons dans un sens, c'est-à-dire, comme je l'ai dit tout à l'heure, nous tendons vers la plénitude de notre présence au monde, à l'instar d'une fleur ou d'un arbre. Et de plus, nous tendons vers d'autres présences de beauté, vers une chance d'ouverture et d'élévation. C'est bien grâce à la beauté qu'en dépit de nos conditions tragiques nous nous attachons à la vie. Tant qu'il y aura une aurore qui annonce le jour, un oiseau qui se gonfle de chant, une fleur qui embaume l'air, un visage qui nous émeut, une main qui esquisse un geste de tendresse, nous nous attarderons sur cette terre si souvent dévastée.

     
    "Oeil ouvert et coeur battant : Comment envisager et devisager la beauté"  François Cheng
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    J’appris qu’être aimé n’est rien et qu’aimer est tout ; je compris également de plus en plus clairement que seule notre capacité à sentir les choses, à éprouver des sentiments rendait notre existence précieuse et gaie.  Quel que fut l'endroit sur terre où j'apercevais ce qu'on nomme "le bonheur", je constatais que celui-ci naissait de la richesse de nos impressions. L'argent n'était rien, le pouvoir n'était rien ; on rencontrait beaucoup de personnes qui possédaient les deux et demeuraient pauvres. La beauté n'était rien ; certains hommes et certaines femmes demeuraient pauvres, eux aussi, malgré tout leur éclat. La santé, elle non plus n'avait pas beaucoup de poids ; la forme de chaque personne dépendait de son état psychologique ; bien des malades heureux de vivre prospéraient jusqu'à la veille de leur mort, et bien des hommes en bonne santé dépérissaient avec angoisse dans la crainte de la douleur. En revanche, quand un homme éprouvait des sentiments intenses et les acceptait en tant que tels, quand il les cultivait et en jouissait au lieu de les rejeter et de les tyranniser, il connaissait toujours le bonheur. De même la beauté ne rendait pas heureux celui qui la possédait, mais celui qui était capable de l'aimer, de la vénérer.

     
    "L'Art de l'oisiveté"  Hermann Hesse
    (Extrait du journal de Martin, 1918, p. 146,147)
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    Elle marche dans sa beauté, semblable à la nuit des climats sans nuages et des cieux étoilés; tout ce qu'ont de plus beau la lumière et l'ombre est réuni dans ses traits et dans ses yeux, brillant de ces molles et tendres clartés que refuse le ciel à la splendeur du jour.

    Byron *

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