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    Louis Ferdinand Auguste Destouches, Céline , auteur majeur du XX° siècle, est né le 27 mai 1894 à Courbevoie. Il est l'un des écrivains français les plus traduits et diffusés dans le monde, après Marcel Proust.
    Il aurait eu aujourd'hui 104 ans ...

    "Dans une jambe de danseuse le monde, ses ondes, tous ses rythmes, ses folies, ses veux sont inscrits !... Jamais écrits !... Le plus nuancé poème du monde !... émouvant !
    Gutman ! Tout ! Le poème inouï, chaud et fragile comme une jambe de danseuse en mouvant équilibre est en ligne, Gutman mon ami, aux écoutes du plus grand secret, c'est Dieu ! C'est Dieu lui-même ! Tout simplement ! Voilà le fond de ma pensée ! A partir de la semaine prochaine, Gutman, après le terme... je ne veux plus travailler que pour les danseuses... Tout pour la danse ! Rien que pour la danse ! La vie les saisit, pures... les emporte... au moindre élan, je veux aller me perdre avec elles... toute la vie... frémissante... onduleuse... Gutman ! Elles m'appellent !... Je ne suis plus moi- même... Je me rends... Je veux pas qu'on me bascule dans l'infini !... à la source de
    tout... de toutes les ondes... La raison du monde est là... Pas ailleurs... Périr par la danseuse !... Je suis vieux, je vais crever bientôt... Je veux m'écrouler, m'effondrer, me dissiper, me vaporiser, tendre nuage... en arabesques... dans le néant... dans les fontaines du mirage... je vaux périr par la plus belle... Je veux qu'elle souffle sur mon cœur... Il s'arrêtera de battre... Je te promets ! Fais en sorte Gutman que je me rapproche du danseuses !... Je veux bien calancher, tu sais, comme tout le monde... mais pas dans un vase de nuit... par une onde... par une belle onde... la plus dansante... la plus émue..."

     

    "Bagatelles pour un massacre" *

     

     

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    J'ai réalisé qu'en Amérique, et probablement partout ailleurs, il fallait sans arrêt faire la queue. Nous faisions ça pour tout. Permis de conduire : trois ou quatre queues. Course de chevaux : la queue. Au cinéma : la queue. Au supermarché : la queue. Je haïssais les queues (...) Je savais que les queues me tuaient. Tout le monde était normal, sauf moi. La vie était belle, pour eux. Ils pouvaient faire la queue sans souffrir. Ils pouvaient faire la queue jusqu'à leur mort. En fait, ils aimaient faire la queue. Ils papotaient, se marraient, souriaient, flirtaient. Ils n'avaient rien d'autre à faire. Ils n'imaginaient pas autre chose. Dire que je devais contempler leurs oreilles, leurs bouches, leurs cous, leurs jambes, leurs culs, leurs narines, tout le tintouin. Je sentais des vapeurs méphitiques et mortelles sourdre de leur corps ; quand j'écoutais leurs conversations, j'avais envie de hurler : " Jésus Marie Joseph, au secours ! Dois-je vraiment souffrir à ce point pour acheter deux cent grammes de bidoche et une baguette ? "

     
    "Avec les damnés"  Charles Bukowski *
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