• Chaque prescription de morale pratique comporte la possibilité de la contradiction de cette prescription avec les actes qui en découlent.

    L’abstinence, c’est-à-dire ne pas manger et devenir incapable de servir les hommes ! Ne pas tuer les animaux : c’est-à-dire leur permettre de nous dévorer ? Ne pas boire de vin ; c’est-à-dire ne pas communier, ne pas se soigner avec du vin ? Ne pas résister au mal par la violence ; quoi donc ? Permettre qu’un homme me tue ou tue les autres ?

    La recherche de ces contradictions montre  uniquement que l’homme qui s’en occupe ne veut pas servir l’humanité morale

    C’est toujours la même histoire : parce qu’un homme à besoin de se soigner avec du vin, ne pas combattre l’alcoolisme. À cause d’une violence imaginaire, tuer, exécuter, enfermer.

    Léon Tolstoï

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  • Le sang de cette femme était neuf et semblait l'avoir rénovée. Ses joues étaient toutes roses et ses lèvres fraîches, rendues à leurs couleurs, paraissaient douces et détendues. Le sang de quelqu'un d'autre y coulait. Si seulement on avait pu lui donner aussi la chair, le cerveau, la mémoire de quelqu'un d'autre. Si seulement on avait pu emporter son esprit chez le teinturier, en vider les poches, le passer à l'étuve, le décaper, lui redonner forme et le rapporter au matin. Si seulement... [...] *

    Il essaya de compter combien de fois elle avalait et repensa à la visite des deux hommes au visage oxyde de zinc, leur cigarette plantée entre leurs lèvres rectilignes, au serpent à l'oeil électronique s'enfonçant, strate par strate, dans la nuit, la pierre et l'eau stagnante, et il eut envie de lui lancer : « Combien en as-tu pris ce soir ? De ces comprimés ? Combien vas-tu en reprendre plus tard sans t'en rendre compte ? Et ainsi de suite, toutes les heures ! Et sinon ce soir, demain soir ? Alors que moi je ne dormirai pas, ni cette nuit, ni la nuit prochaine, ni bon nombre de nuits à venir, maintenant que cette histoire a commencé. » Et il la revit gisant sur le lit, les deux techniciens debout au-dessus d'elle, non pas inclinés avec sollicitude, mais simplement debout, tout droits, les bras croisés. Et il se souvint d'avoir pensé que si elle mourait, il ne verserait pas une larme, sûr et certain. Car ce serait pour lui la mort d'une inconnue, d'un visage croisé dans la rue, d'une photo aperçue dans un journal, et soudain il y avait là une telle aberration qu'il s'était mis à pleurer, non devant la mort, mais à l'idée de ne pas pleurer devant la mort, pauvre idiot vide près de cette pauvre idiote tout aussi vide que le serpent s'acharnait à vider encore un peu plus.

    Ray Bradbury "Fahrenheit 451"

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