• I - CONTRE L’INDIFFÉRENCE (1) 2/2

     

    "Passe encore de ne pouvoir supporter la solitude ; le drame est de ne pouvoir lui échapper. Les hommes du XXe siècle, parce qu’ils sont de moins en moins solitaires, sont justement de plus en plus seuls. Toutes les proies s’évanouissent entre leurs mains ; au milieu de tant de bruit, c’est encore le temps qu’ils entendent ; et à travers tant de visages, dont la transparence n’arrête pas leurs regards, c’est toujours la mort qu’ils aperçoivent, comme la seule réalité, la seule évidence, la seule chose vivante en ce monde.
    Peut-être même la seule désirable. Ils ne trouvent personne à aimer dans ce ballet de fantômes – pas un être qui puisse les occuper plus longtemps que durant les quelques instants où ils frémissent entre ses bras – et ils songent que le sort est injuste : cet être existe sûrement quelque part, il suffirait d’un hasard… sans comprendre que ce n’est pas la rencontre qui crée l’amour, mais l’amour qui crée la rencontre. Benjamin Constant note dans son Journal que le besoin d’aimer revient périodiquement, comme le sommeil ou l’appétit ; le miracle est justement que cette soif insatisfaite finisse presque toujours par trouver son objet, comme si le visage que nous aimons était son œuvre, avait tout à coup jailli de nous-même, et que le hasard, dont on cherche vainement les lois, dont l’apparente gratuité nous émerveille et nous torture, ne fût tout simplement que la matérialisation de nos rêves."


    "Une autre jeunesse" Jean-René Huguenin *

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