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    Attention

    Message inattendu, cache-toi sur mon cœur ;
     Cache-toi ! je n'ose te lire :
    Tu m'apportes l'espoir ; ne fût-il qu'un délire,
    Je te devrai du moins l'ombre de mon bonheur !
    Prolonge dans mon sein ma tendre inquiétude ;
    Je désire à la fois et crains la vérité :
     On souffre de l'incertitude,
     On meurt de la réalité !

    Recevoir un billet du volage qu'on aime,
     C'est presque le revoir lui-même.
    En te pressant, déjà j'ai cru presser sa main ;
    En te baignant de pleurs, j'ai pleuré sur son sein ;
    Et, si le repentir y parle en traits de flamme,
    En lisant cet écrit je lirai dans son âme ;
    J'entendrai le serment qu'il a fait tant de fois,
    Et j'y reconnaîtrai jusqu'au son de sa voix.

     Sous cette enveloppe fragile
     L'amour a renfermé mon sort...
     Ah ! Le courage est difficile,
    Quand on attend d'un mot ou la vie ou la mort.
    Mystérieux cachet, qui m'offres sa devise,
     En te brisant rassure-moi :
    Non, le détour cruel d'une affreuse surprise
     Ne peut être scellé par toi.
    Au temps de nos amours je t'ai choisi moi-même ;
    Tu servis les aveux d'une timide ardeur,
     Et sous le plus touchant emblème
     Je vais voir le bonheur.
    Mais, si tu dois détruire un espoir que j'adore,
    Amour, de ce billet détourne ton flambeau !
    Par pitié ! Sur mes yeux attache ton bandeau,
    Et laisse-moi douter quelques moments encore !

    Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
    Recueil : Élégies (1830)

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  • autre lit
    autre femme

    davantage de rideaux
    autre salle de bains
    autre cuisine

    autres yeux
    autres cheveux
    autres
    pieds et doigts de pied.

    chacun est à l'affût.
    la quête éternelle.

    tu restes au lit
    et elle s'habille pour aller au boulot
    et tu te demandes ce qui est arrivé
    à la dernière
    et à l'avant-dernière...
    tout va si bien -
    la baise
    le dodo

    les câlins...

    après qu'elle est partie tu te lèves et tu
    utilises sa salle de bains,
    et tu t'y sens à la fois à ton aise et
    déconcerté.
    tu retournes au lit et
    tu dors une autre heure.

    quand tu t'en vas c'est avec tristesse
    mais tu la reverras boulot ou pas.

    tu roules jusqu'à la plage et tu restes
    assis dans ta voiture à regarder.
    il n'est pas loin de midi.

    - un autre lit, d'autres oreilles, d'autres
    pendentifs, d'autres vêtements
    couleurs, portes, numéros de téléphone.

    jadis tu étais assez fort pour vivre seul.
    pour un homme frisant la soixantaine
    tu devrais être plus sensé.

    tu démarres et tu oublies,
    et tu dis, quand je rentre j'appelle
    Jeanie je ne l'ai pas vue depuis vendredi.

    Charles Bukowski

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