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Par Cruella dans La tendresse, c'est seulement de la cruauté qui se repose le 14 Novembre 2015 à 11:25
La mort, la misère, la folie, je les ai vues tout de suite en entrant dans Paris, Porte d'Orléans. Trois gargouilles veillant sur la grande ville. Mort, misère, folie. Puis j'ai oublié cette vision, je suis devenue parisienne: pressée, soucieuse, gaie, dépensière, ruinée. Vivante au milieu d'une ruche de souffrance et d'argent. On peut toujours s'arranger. Ce qui manque ici, on le trouve là. Un jour, comme pour les amitiés du collège, j'ai fait le point dans un carnet, j'ai noté les endroits qui me plaisaient le plus à Paris: le jardin du Luxembourg, les arbres du musée Rodin, les petits squares, etc. J'ai regardé l'ensemble que ça faisait et j'ai souri: ce que j'aime dans Paris, c'est la campagne. Mon coin préféré, c'est le cimetière du Père-Lachaise. J'y retrouve les touches lumineuses de l'enfance, un peu de cette gaieté venue du cirque et poursuivie jusqu'au milieu des tombes. Les avancée surprises d'un feuillage entre les croix, les sautillements du soleil sur le gravier des allées...
Christian Bobin *
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L'oeil :
Au commencement, les yeux ne voient pas. Ils sont ouverts, entre les rideaux des paupières, mais ils sont noirs. Ils n'ont pas de lumière. Les yeux ne servent pas. Ils ne sont pas faits pour voir. Quand on a appris cela, on n'a plus peur de l'ombre et du vide. Les yeux sont des moteurs pour aller dans l'autre sens, vers le futur, vers les pays inconnus, vers les rêves, les choses de cette nature.
Le Clézio *
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