• Qu'entendons-nous par douceur? Qu'entendons-nous par cruauté? Il n'y a pas toujours cruauté à sévir, pas plus qu'il y a douceur à pardonner.La douceur consiste à supporter les injures personnelles, à venger celles qui sont faites aux autres. Autrement, ce n'est plus que mollesse, léthargique indifférence, vice et non pas vertu.

    L'écriture vante la douceur de Moïse: C'était - nous dit elle - le plus doux des hommes qui furent jamais. Quoi! cet homme qui s attaque à un Egyptien pour le tuer, qui remplit son pays de guerres intestines, et n'épargne pas le sang des siens: dont les prières obtiennent que la terre s’entrouvre, que flamme du ciel descende pour dévorer ses victimes? Si c'est là de la douceur, qu'appellerez vous de la cruauté?

    La définition que nous en avons faite, répond toute seule à l'objection. Ardent à venger la cause des opprimés, il oublie la sienne propre; il punit avec sévérité les prévarications contre la loi, il supporte avec une héroïque patience les injures qu'il reçoit de son peuple. Vous n'accuseriez point de cruauté le médecin qui porte le fer dans une plaie qu’assiège la gangrène.; le juge qui arrête à sa naissance, par des moyens violents, un mal dont les progrès deviendroient funestes.

    Deux considérations qui doivent nous porter à parler à tous avec douceur Nous sommes pécheurs ce sont nos semblables.

    Opposons à la douceur le vice qui lui est contraire. A l'aspect d un homme en colère, qui est-ce qui ne détourne pas les yeux? Et ceux qui vivent près de lui, et ceux qui en sont loin, tous le redoutent également. Qu'il vienne à être frappé par l'indigence: il ne rencontrera pas aisément qui veuille l'assister; on le regarde comme un ennemi public. Il crie, tempête, menace et frappe indistinctement, parle sans nulle réserve, dit ce qu'il faudroit taire; son regard est farouche, son visage enfle, sa bouche écume, ses mains tombent sur tout ce qui se présente.

    COURS D'ELOQUENCE SACREE(extrait) *

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    Attention

    Sa fille avait pleuré en se mettant devant la glace, tandis qu'elle ouvrait son corsage, ôtait son soutien-gorge et cherchait le cœur, car sur le sol froid de la vaste salle de bains où elle était étendue, ses yeux étaient remplis de larmes que l'on n'avait pas vues au cours du déjeuner et qui ne pouvait avoir jailli après qu'elle fut tombée sans vie. Contrairement à son habitude et à l'habitude générale, elle n'avait pas poussé la targette, ce qui fit penser au père (mais fugacement et presque à son insu, au moment où il avala) que peut-être sa fille, tout en pleurant, avait espéré ou souhaité que quelqu'un ouvrît la porte et l'empêchât de faire ce qu'elle avait fait, non par la force mais par sa seule présence, en posant le regard sur sa nudité vivante ou la main sur son épaule.

    Mais personne –sauf elle cette fois, et parce qu'elle n'était plus un enfant- n'allait dans la salle de bains pendant le déjeuner

    Javier Marias "Un coeur si blanc" *

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  • Laissez-moi vous faire souffrir

     

     

     

    Laissez-moi vous faire souffrir. J'aimerai en vous le mal que je vous fais. Ainsi je me retrouverai en vous, et vous aimerai. Vous m'avez donné pendant cinq ans le plaisir de ma résistance, donnez-moi maintenant celui de ma cruauté.

    MONTHERLANT "Pitié pour les femmes"

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  • La cruauté se lit partout si on sait la voir...

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