• Trop tard

    Il a parlé. Prévoyante ou légère,                             
    Sa voix cruelle et qui m'était si chère
    A dit ces mots qui m'atteignaient tout bas :                 Trop tard
    "Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas !

    "Ne m'aimez pas si vous êtes sensible,
    "Jamais sur moi n'a plané le bonheur.
    "Je suis bizarre et peut-être inflexible ;
    "L'amour veut trop : l'amour veut tout un coeur
    "Je hais ses pleurs, sa grâce ou sa colère ;
    "Ses fers jamais n'entraveront mes pas. "

    Il parle ainsi, celui qui m'a su plaire...
    Qu'un peu plus tôt cette voix qui m'éclaire
    N'a-t-elle dit, moins flatteuse et moins bas :
    "Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas !

    "Ne m'aimez pas ! l'âme demande l'âme.
    "L'insecte ardent brille aussi près des fleurs :
    "Il éblouit, mais il n'a point de flamme ;
    "La rose a froid sous ses froides lueurs.
    "Vaine étincelle échappée à la cendre,
    "Mon sort qui brille égarerait vos pas."

    Il parle ainsi, lui que j'ai cru si tendre.
    Ah ! pour forcer ma raison à l'entendre,
    Il dit trop tard, ou bien il dit trop bas :
    "Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas. "

    Marceline DESBORDES-VALMORE
    Recueil : Poésies inédites *

     

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