• Ma mère ne pouvait m'aimer (2)

     

    Car le pli était pris: ma mère ne pouvait m'aimer; j'étais à ses yeux la figure vivante et maudite de mon père - et à la fois le fils de mon père et mon propre père, puisqu'on n'imaginait pas que deux personnes qui s'aimaient aient pu engendrer un être qui contredît les lois élémentaire de l'amour. Et c'était ça, aussi ,la laideur: un engendrement perpétuel par défaut, père et fils, fils et père, puisque avec mon visage il m'était impossible, voir interdit, d'engendrer.Et c'était ce qu'elles pensaient , elle aussi, ma mère qui n'avait rien d'une mère et ma soeur qui l'était sans l'être vraiment, mais qui avait entière autorité sur moi; tandis que, déchargée de toute tâche éducative et réconciliée avec la gent masculine, ma mère pouvait désormais me regarder sans trop de dégoût, ni mauvaise conscience, le destin de l'amour maternel chez une femme qui a révélé à son enfant qu'il est laid ne pouvant être que la sorte d''affection qu'on a pour des parents éloignés; et je ne doute pas que, dans la petite ville de Meymac, ma mère n'ait parlé de moi comme d'un neveu, fils d'un frère mort dans une guerre lointaine, en Indochine ou en Corée.

    "Le goût des femmes laides" Richard Millet

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