• Les affinités électives

    Quand l'amour s'empare de lui, Édouard ne peux rester entre les quatre murs d'un château. La nuit l'attire au-dehors, où la lune décroissante se lève derrière le bois; et il erre, alentour, "comme le plus inquiet, le plus malheureux de tous les hommes". Il se promène dans les jardins, trop étroits pour lui, s'élance vers la campagne, qui est trop vaste. Au lieu de tempérer son âme, le sentiment d'aimer et d'être aimé efface en lui toute mesure, et le pousse vers l'infini. Tout ce qui dans sa nature, était freiné et réprimé, se déchaîne: tout son être se précipite vers l'aimée. Un feu brûle dans sa poitrine; et c'est seulement le jour de la fête d'Odile, quand les fusées s'élèvent avec fracas, que les pétards explosent, que les globes lumineux tournoient, que les serpenteaux se tordent en crépitant, que les girandoles moussent de lumière, l'une après l'autre d'abord, puis toutes ensemble, c'est seulement alors qu'il trouve un signe adapté à ses propres sentiments. Parvenu à ces extrêmes, son amour devient une passion folle et exaltée: et il brûle tout seul dans les flammes qui le guide vers Odile le mène en même temps vers la solitude, la dissolution et la mort. Qui ne reconnaît alors en Édouard un émule et un disciple de Werther? Comme dans le grand roman de sa jeunesse, Goethe nous rappelle quelle terrible force de destruction se cache dans les tempéraments infantiles et narcissiques.

     

    "Le Mal Absolu"  Pietro Citati

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