• La campagne est ronde

    La campagne est ronde de mon amour. La colline est douce comme mes seins. Mes deux seins d'amande pâle. Ils sautent légèrement quand je marche. Ils se gonflent dans la peur ou la joie. Ils fleurissent sous sa main. Il les regarde souvent quand il me parle. Il me fixe droit dans les yeux, mais je sais qu'il ne voit qu'eux, les deux collines de mes seins sous la lumière du corsage.

    Je me suis habillée pour lui plaire ce matin. Une jupe plissée, beige. Un corsage blanc léger. Peut-être n'aime-t-il pas le blanc. Peut-être se moque-t-il de  tout ça. Je suis sûre que non. Je ne suis sûre de rien. Je voudrais qu'il se taise. Je voudrais qu'il me prenne tout de suite, dans ce pré, à deux pas du ciel rond. Je voudrais qu'il me donne à moi ce baiser dont son Proust de malheur dit qu'il lui aura manqué toute sa vie, pour bien dormir, pour bien mourir. Qu'est-ce que c'est que cette histoire. Est-ce qu'on parle de Proust à une jeune fille tout éblouie d'amour...

    C.B. "La femme à venir" *

    « Serge Gainsbourg, « Le jeu de la vérité » (7 juin 1985) Des extrêmes »
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