• L'affaire Stavisky

     

    Pendant toute l'affaire Stavisky il est passé un mot d'ordre dans toutes les rédactions du monde qui devait coûter cher par jour, une consigne formelle... On l'a intitulé turc, ce petit Juif paranoiaque, étranger perfide, métèque, espion oriental, aventurier polonais, coiffeur, heimatlos, dentiste, parachutiste. maquereau. tabétique, terre-neuvas... n'importe quoi... pour égarer, divertir... mais jamais le mot propre JUIF... Pourtant ce n'était que cela... Il n'avait pu réussir toutes ses entourloupes que par la force de la juiverie... Comme Loewenstein, comme Barmat, comme Mme Simpson, comme Bigore, comme toute la finance et le reste...
     Remarquez un petit peu... en toute occasion similaire : la même fanfare... Rodomontades de la droite, braillage confus de la gauche, foire au centre, dégonfloirage de partout... Passez muscade ! C'est admirablement bien joué... Si vous risquiez un petit mot contre la grande invasion youtre, la colonisation de vos fesses, vous tous, autant que vous êtes journaux !. Matamores pourris ! putinisés encre comprise, jusqu'aux derniers caractères, on vous étranglerait si net que l'on oublierait en huit jours le nom même que vous arborâtes !... Jusqu'à la couleur de vos pages... Plus une annonce ! Plus un théâtre ! en cinq secondes ça serait tranché, transmis, lavé... Plus un crédit, plus un permis, plus un papier, et puis bientôt plus une nouvelle, plus un appel au téléphone, le vide !... Le Juif peut faire le désert autour de n'importe quel business, banque, industrie, théâtre ou journal... Ford qui les a en horreur, il a fallu qu'il ferme sa gueule, pourtant bien puissante. Il allait sauter dans les huit jours !... Le juif arrose ou n'arrose pas !... avec de l'or !... Ça pousse ou ça ne pousse plus. Si ça ne pousse plus, l'homme crève. Aussi brave, aussi stoique qu'on puisse l'imaginer.
     O feintes campagnes ! O furibonds compromis ! O tartuferies besogneuses ! O bougonnements de vieux larbins !... Jurez ! Anathémisez ! Sacrez ! Pourfendez la lune ! Crevez les bulles communistes ! Vitupérez dans les trombones !... Quelle importance ? Aucune ! Tous les maîtres absolus du monde, sont tous absolument des youtres ! De New York, Hollywood, Milan, Prague, Berlin, Moscou... c'est du même... en dépit de toute apparence, les mêmes compères, de la même cosmique farce... Alors qu'est-ce que ça peut bien leur foutre que les barbares dans les grilles s'agitent, se bigornent, secouent leurs chaînes et leurs entraves, comme-ci, comme-ça, pour des conneries ? Il faut remonter les boulets de quelques crans et puis c'est marre... de temps à autre. Les révolutions servent à cela... ne servent qu'à cela... tremper un peu mieux la ferraille pénitentiaire, les jolis bracelets blindés, fondus " bobards »...

    "Bagatelle pour un massacre" *

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