• Frantz Kafka, Lettres à Milena - 1920-1922

     

    Voilà déjà bien longtemps, madame Milena, que je ne vous ai plus écrit, et aujourd’hui encore je ne le fais que par suite d’un hasard. Je ne devrais pas au fond excuser mon silence, vous savez comme je hais les lettres. (…)
    C’est un commerce avec des fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais encore avec le sien propre ; le fantôme croît sous la main qui écrit, dans la lettre qu’elle rédige, à plus forte raison dans une suite de lettres où l’une corrobore l’autre et peut appeler à témoin. Comment a pu naître l’idée que des lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ? ( …)
    Ecrire des lettres c’est se mettre à nu devant des fantômes ; ils attendent ce geste avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. » « La sorcellerie épistolaire se remet en branle et recommence à ravager mes nuits, qui se ravagent déjà d’elles-mêmes. Il faut que je cesse, je ne peux plus écrire. Votre insomnie n’est pas la même que la mienne. Ne m’écrivez plus, s’il vous plait ». Et la dernière : « Là-dessus, malgré ce qui précède, mes amitiés. Qu’importe si elles sont destinées à tomber dès la porte de votre jardin ? Peut-être.

    Frantz Kafka

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