• Décembre 1959

     

    Lundi, 28 décembre


    J'ai relu mes poèmes des années 56 et 57. J'ai considérablement progressé. J'ai été surprise par la quantité d'images maniérées et faciles. Mais je suis contente de les reconnaître comme telles à présent, et de pouvoir les considérer avec émotion et amusement. Non obstant* le mystère de mon labeur reste secret: j'écris des poèmes quand ça, quelque chose ou quelqu'un, veut. C'était déjà ainsi à dix-sept ans et ça continue.
    Le danger de ma poésie est une tendance à la dissection des mots: je les fixe à l'intérieur du poème presque en les vissant. Chaque mot se pétrifie. Cela est dû, en partie, à ma crainte de tomber dans la plainte tragique. Mais aussi à la crainte que suscitent les mots en moi. Je n'ai pas confiance non plus en ma capacité de créer une architecture poétique. D'où la brièveté de mes poèmes.


    31 décembre


    J'irai à Paris. Je m'en sortirai. Tristesse récente. Je n'avais personne à qui communiquer ma joie de partir. L'angoisse à présent. Rien que l'abandonnée à présent.
    J'aimerais être avec Olga et Elenita. J'aimerais que quelques personnes passent, j'aimerais boire du vin et être gaie.
    Je ne suis pas une adolescente, je suis une enfant. À mon âge, je suis une enfant. Une enfant qui a peur de jouer. Une enfant sans l'innocence des enfants. Ou bien peut-être suis-je une petite vieille ramollie. (Je préfère ça ). *

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