• Conversation "à coeur ouvert"...

     

    Alexandre Kerenski partit en Allemagne pour créer un comité russo-américain ou américano-russe, mais cette initiative se termina dans la confusion. Il se considérait comme l'unique et le dernier chef légal de L’État russe et se tenait prêt à agir en accord avec cette conviction. Cependant, il ne se trouva personne pour le soutenir.
    Je ne lui ai jamais rien demandé, ni à ce moment-là, ni plus tard quand je suis partie aux U.S.A. Je ne lui ai même pas demandé conseil. Je savais qu'il n'aimait pas être dérangé par les problèmes et les difficultés des autres.

    Mais je me souviens très bien de l'une des plus importante conversations "à coeur ouvert" que j'eus avec lui en Amérique. C'est moi qui en pris l'initiative. Cela ne fut pas facile, mais j'y tenais. J'avais appris, vers 1958, qu'après la mort en Suisse de Catherine Kouskova, les archives de celle-ci avaient été confiées à sa demande à la Bibliothèque nationale de Paris pour que les documents se rapportant à 1917 ne soient publiés qu'en 1987. Je ne suis pas certaine cependant que tout cela soit exact. Je découvris également que dans ces papiers se trouvait la clé de l'énigme relative à la décision du gouvernement provisoire de ne pas signer, durant l'été 1917, une paix séparée avec l’Allemagne et de continuer la guerre. Au mois de juillet 1917, le ministre français, Albert Thomas, était venu à Pétersbourg et on lui avait soi-disant promis solennellement que le gouvernement provisoire "n'abandonnerait pas la France". Les ministres russes et le ministre français étaient liés, en effet, par la franc-maçonnerie. Terechtchenko et Nekrassov, deux membres du gouvernement provisoire, étaient de proches collaborateurs de Kerenski et ils lui restèrent fidèles jusqu'au bout. Ils appartenaient à la même loge maçonnique que lui, le premier n'ayant pas été membre de la Douma et le deuxième ayant appartenu au "bloc progressiste" de cette assemblée. Même quand il devint clair, en septembre 1917, que la paix séparée pourrait sauver la Révolution de février, le serment maçonnique ne fut pas rompu. Kouskova, qui était elle-même membre de la franc-maçonnerie, ce qui était très rare pour une femme, en savait visiblement long sur le sujet.

    Les raisons précises pour lesquelles Kerenski, Terechtchenko et Nekrassov insistèrent pour continuer la guerre ont commencé à m’intriguer dès le début des années trente et me préoccupent toujours aujourd'hui. Je peux citer cinq personnes avec qui j'ai eu des conversations, à des époques différentes, sur le sujet. Je n'ai pas trouvé après d'elles des informations précises sur ces faits, mais certains rapprochements m'ont permis d'éclairer partiellement le passé. Ce n'est pas suffisant pour en tirer des conclusions historiques, mais assez pour indiquer clairement de quel côté se trouve la clé de cette affaire. Il s'agit de Vassili Maklakov, d'Alexandre Konovalov, d'Alexandre Khatissov, de Nicolas Volski et de Linda Dan.

    Comme il n'était pas impliqué dans les activité de la franc-maçonnerie russe, ni lié par un quelconque serment, Volski me parla librement. Pour lui il n'y avait pas de doute qu'au cours de l'été et de l'automne 1917, le gouvernement de Kerenski avait été paralysé par un engagement envers la France et que dès 1915 existait un lien spécial et secret entre dix ou douze membres du parti cadet, quelques socialistes de droite et une poignée de généraux parmi les plus lucides du haut commandement.Ce fut à peu près à cette époque qu'ils avaient élaboré un plan politique dont l'existence était connue de certains membres anglais et français de loges amies et qu'ils s'étaient engagés par un serment solennel et indissoluble. D'après Volski, Kouskova avait laissé dans ses archives des preuves irréfutables de ces faits.

    "C'est moi qui souligne" Nina Berberova

    « Les enfoirés de merde , ça fait plusieurs années qui nous cachaient ces recherches "Jupiter vient de connaître la douce sensation de la torgnole !" - La chronique de Nicolas Vidal »
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