• Une fin de nuit

     

    Une fin de nuit, après mes trois heures trente d'heures sup', et alors que, la trouille au ventre, je roulais sous la menace du retrait de permis de conduire suite à une longue série de contraventions, il ma fallut tourner à gauche. Or l'épave qui me servait de carrosse était dépourvue de clignotants. Je devais donc indiquer mon intention avec mon bras gauche. Sauf qu'au moment où je commençais à en esquisser le geste, une douleur insoutenable, semblable à un jet d'eau brûlante, m'irradia le bras et m'empêcha de l'extraire de l'habitacle. Au mieux, j'aurais peut-être pu sortir la moitié d'une main. Un moignon, pas le membre entier. À ce moment-là, et comme par une fait exprès, je me fis l'impression de m'être scindé en deux, j'étais à la fois l'acteur et le spectateur de ma propre déchéance. En sorte que je glissai un doigt dans l'air de la nuit, un seul doigt, riquiqui, dérisoire, et que je tournai le volant vers la gauche. Je fus pris d'un fou rire : tout cela était du dernier ridicule, ça m'apprendrait à les laisser m'assassiner. Ce moment d'hilarité me fit du bien, j'étais comme soulagé d'un énorme poids. Et, tout en continuant de rouler, j'admis en mon for intérieur que j'allais devoir arrêter les frais. N'importe quel clodo qui roupillait dans une décharge vivait mieux que moi. Conclusion : j'étais l'un des plus grands imbéciles de cette planète.
     
    "Un carnet taché de vin"  Charles Bukowski *
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