• TOUT DOIT DISPARAÎTRE (5) 2/4

     

    Il n’y a que Bloy ou Kafka qui l’ont compris. Beaucoup mieux que les flaireurs de Führers… Céline assurément, à l’époque des pamphlets, n’avait pas encore lu Bloy, ce qui est très curieux. Plus encore, toute la majorité des critiques qui ne signale jamais Bloy comme l’un des ascendants de Céline : après Mea culpa, ça crevait pourtant les yeux. Il est là et personne n’y pense ! Preuve que Bloy dans les années trente (et davantage encore aujourd’hui) n’était pas près d’être lu. Bloy, c’est la « Lettre volée » de Céline.
     Bref, Céline ne connaissait pas Le Salut par les Juifs, il lui aurait piqué des exergues pour Bagatelles, c’est pas possible. Je continue à soutenir que Le Salut est le livre le plus important qui ait été écrit sur les Juifs. Léon Bloy part de vraiment très haut. Il n’y a plus rien de politique : d’ailleurs, rien n’a jamais été « politique ». Tout est vu de très loin dans l’avenir. Ça vous revient dessus comme une vague. Lui, il a vraiment compris que les Juifs sont les Juifs parce qu’ils sont là pour payer Jésus, comme tous les goyes sont là maintenant pour payer Hitler, pourrait-on rajouter…
     Bon : Dieu est juif. Ça ne fait pas de doute. Tous les Juifs sont Jésus. Les Juifs ont commis le « Crime Suprême », s’ils sont si abjects, c’est qu’ils sont le salut de toute la honte de la terre. Il est normal qu’ils soient persécutés parce qu’ils sont le réceptacle de toute la pourriture. C’est le Cosmos juif tel que s’en fascine Bloy. Mahomet veut tuer Jahvé, et c’est Jésus qui prend. Des fois même c’est Jésus qui tue Jahvé, ce qui est plus inouï encore, mais que tout le monde, sans approuver comme en 1940, a l’air, théologiquement, de concevoir très bien !… Pour parler une dernière fois de Rebatet, je dirai qu’il y a une sorte de cohérence ésotérique chez cet homme, consacrant la première partie de sa vie aux juifs et la deuxième au catholicisme. Le paradoxe du catholique antijuif me demeure sibyllin. Nietzsche notait déjà : « Le chrétien n’est qu’un juif de confession plus ouverte. Il n’est que l’ultime conséquence du judaïsme. » Tout va très bien. C’est l’histoire insensée du Relaps œcuménique !
     Tous les Juifs sont Jésus. Ils ont Jésus. Et Bloy pense que s’ils ont l’argent, c’est que l’argent est la chair meurtrie, le Sang du Christ, et se doit de les salir pour payer son inadmissible crucifixion en empoisonnant le globe entier.
     Tout chrétien est forcément pro-sémite même si comme Bloy, il est antisémite contre les Juifs pas assez hébreux. Un athée sioniste est une aberration que personne ne semble relever. Moi je suis logique : les Juifs sont responsables de la civilisation écœurante de cette ordure de Dieu. Les Hébreux d’Israël je les dégueule donc, je les colle contre leur ignoble mur croulant de larmes. Ça va là ? Je peux ? C’est pas tabou ? On peut encore se dire antisioniste ? C’est possible, monsieur le grand-rabbin ?… Anti-judéo-chrétien, je n’aime que les Noirs et les Arabes, grands Arabes, princiers et raffinés fruits de la plus grande civilisation de la planète, toutes ces fleurs de féerie !, quelle misère de voir comment a tourné l’Orient, à quel point leurs descendants n’ont rien su garder des Mille et Une Nuits qu’une Crouillure de plus en plus minable, bâtarde, blancharde, vile et friquée.
     Léon Bloy pensait qu’il n’y avait rien de plus anachroniquement infect qu’un Juif Riche. Le Juif est essentiellement le Pauvre souillé de la mort du Christ, c’est-à-dire enlaidi par l’argent. Le Riche Juif est celui qui ruisselle du sang du Christ : c’est à la fois le plus juif et le moins juif de tous les Juifs. Plus il est riche, plus il est appelé à payer. Si les Juifs ne sont plus pauvres, c’est qu’ils n’ont pas fini de souffrir : ils n’ont pas fini de dégouliner parce qu’ils sont les maîtres du monde. Comme s’ils ne le savaient pas ! Comme les femmes et comme les riches ! C’est la race que Dieu a choisi pour souffrir, celle qui a de la chair de Christ dans son coffre-fort ou dans son petit porte-monnaie pourri.
     Le plus riche milliardaire juif sera toujours considéré par le plus miteux goy de faubourg comme un Pauvre. Un Pauvre enrichi mais un Pauvre, car il est la cible, la pancarte jamais assez pleine de trous de balles. Toujours pauvre parce que Jésus vit en eux, mais pour leur faire payer sa mort. Ils sont Jésus qui pourrit, en permanence : de là le malaise, le Rubicon infranchissable qui nous séparent d’eux. Nous n’avons pas Jésus. Les plus grands catholiques n’ont pas de Christ en eux qui moisit toute la journée : ils ont beau communier tous les jours. Bloy n’avait pas de Jésus pourrissant. J’ai lu quelque part un pertinent qui faisait remarquer que Bloy mendiait parce qu’il n’avait pas de Dieu, c’est-à-dire qu’il ne pouvait pas se nourrir de la décomposition du Seigneur. Pourquoi ? Parce qu’il n’était pas juif. Personne ne le sort. *

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