• Près d’une église de village

     

     

     

    Chargée du pollen des fleurs entrouvertes,

    La tribu des vents de minuit

    Porte en cette poudre enveloppée d’ombre

    Le germe des fleurs à venir.

     

    En son labeur secret, silencieux,

    Invisible aux regards humains,

    La vie alentour lance à pleines mains

    Ses mille semences vivaces.

     

    Fondant parmi la foison des tombeaux,

    Sur les armoires vermoulues,

    Sur le cimetière elles se propagent,

    Auprès des croix, sur les croix mêmes.

     

    Partout des fleurs, des myriades de fleurs !

    Parmi cette marée il semble

    Que ce soient les âmes mortes qui tentent

    D’écarter leur fardeau de pierre,

     

    Espérant enfin baigner leur tristesse

    Aux feux du soleil de printemps,

    Parachever leurs rêves impossibles,

    Et découvrir enfin l’amour.

     

     

     

    Konstantin Konstantinovitch SLOUTCHEVSKI. *

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