• Lettre à Louise Colet

     

    "Nous avons fait hier et aujourd'hui une belle promenade ; j'ai vu des ruines, des ruines aimées de ma jeunesse, que je connaissais déjà, où j'étais venu souvent avec ceux qui ne sont plus. J'ai repensé à eux, et autres morts que je n'ai jamais connus et dont mes pieds foulaient les tombes vides. J'aime surtout la végétation qui pousse dans les ruines : cet envahissement de la nature, qui arrive tout de suite sur l'œuvre de l'homme quand sa main n'est plus là pour la défendre, me réjouit d'une joie profonde et large. La vie vient se replacer sur la mort ; elle fait pousser l'herbe dans les crânes pétrifiés et, sur la pierre où l'un de nous a sculpté son rêve, réapparaît l'Éternité du Principe dans chaque floraison des ravenelles jaunes. Il m'est doux de songer que je servirai un jour à faire croître des tulipes. Qui sait ! L'arbre au pied duquel on me mettra donnera peut-être d'excellents fruits ; je serai peut-être un engrais superbe, un guano supérieur."

    Gustave Flaubert, 1846

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