• Le Noeud de vipères (1)

     

    Chez cet être tout instinct, ce qui me frappa davantage, à mesure qu'il grandissait, ce fut sa pureté, cette ignorance du mal, cette indifférence. [...]
    La pureté, chez lui, ne semblait acquise ni consciente : c'était la limpidité de l'eau dans les cailloux. Elle brillait sur lui, comme la rosée dans l'herbe. Si je m'y arrête, c'est qu'elle eut en moi un retentissement profond. Tes principes étalés, tes allusions, tes airs dégoutés, ta bouche pincée n'auraient pu me donner le sens du mal, qui m'a été rendu, à mon insu, par cet enfant ; je ne m'en suis avisé que longtemps après. Si l'humanité porte au flanc, comme tu l'imagines, une blessure originelle, aucun œil humain ne l'aurait discernée chez Luc : il sortait des mains du potier, intact et d'une parfaite grâce. Mais moi, je sentais auprès de lui ma difformité.  

    François Mauriac *

    « Le corps ...Leningrad Cabriolet / Ленинград — Кабриолет »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :