•  

     

    Les philosophes politiques ont souvent fait remarquer qu'en temps de guerre le citoyen, mâle du moins, perd un de ses droits les plus élémentaires, celui de vivre (...)
    Mais ils ont rarement noté que ce citoyen perd en même temps un droit, tout aussi élémentaire et pour lui peut-être encore plus vital, en ce qui concerne l'idée qu'il se fait de lui-même en tant qu'homme civilisé : le droit de ne pas tuer.

     

    Les bienveillantes de Jonathan Littell

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    Je me retire de ce seuil : la vie n’est pas dans la gestion plus ou moins raisonnable et heureuse de moments qui se succèdent comme des nuages, mais une série d’actes souvent obscurs, incompréhensibles à autrui, sinon à nous-mêmes, que nous passerons notre vie non pas à essayer d’éclaircir mais à en mesurer l’ombre portée sur un futur où nous ne serons plus. Nous sommes les échos de ceux qui ont depuis la nuit des temps mêlé leurs sangs ; et, autant que du sang, ce qui coule en nous est l’invisible éclat d’une puissance qui nous dépasse et qui se nomme amour, mélancolie, folie ou destin.

     "Petit éloge d'un solitaire" Richard Millet *

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    Je songe alors que les paroles sont des créatures imprévisibles.
    Aucun pistolet, aucune épée, aucune armée, aucun souverain n'auront jamais plus de pouvoir qu'une simple phrase. Les épées peuvent blesser et tuer, mais les mots vous poignardent et s'enfoncent dans la plaie, s'incrustent dans votre corps pour devenir des cadavres qu'on trimballera avec vous plus tard, tout en essayant de creuser et d'arracher leur squelette qui se cramponne à votre chair.

    Insaisissable, tome 3 : "Ne m'abandonne pas"  Tahereh Mafi *

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    Heureusement la grossièreté de mon humeur m’interdit naturellement des lectures pour moi démesurées. S'il existait un dictionnaire mystique -  il existe peut-être en somme - je me garderais de l'ouvrir, comme je me garde d'ouvrir les dictionnaires de médecine ou d’archéologie, car je respecte trop la petite part de savoir que je possède, qui m'a coûté tant de peine à acquérir, pour y introduire des éléments douteux. De toutes les amphibologies, le coq-à-l'âne sublime me parait le plus ridicule. A quoi bon risquer de se casser le nez en cherchant sur les cimes des évidences qui sont à portée de la main. Il me semble que même incrédule, la vie profonde de l’Église m'apparaîtrait toujours comme singulièrement révélatrice de ces déficiences secrètes, de ces altérations de la substance morale qui transforment lentement et presque insensiblement les peuples, au point de passer inaperçues, jusqu'à ce que la crise éclate tout à coup, par le jeu fortuit de circonstances favorables, que l'historien prendra gravement pour des causes.

    "Les Grands Cimetières sous la lune" Bernanos

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

     

    Nous nous montrâmes hypocrites, nous nous jouâmes de ses peurs et de ses espérances, ce fut la comédie la plus horrible, nos mœurs nous l’imposaient et nous n’osâmes les heurter de front, je le déplore, cet assassinat spirituel et j’eusse préféré l’euthanasie, j’aurais voulu que l’on ne trompât la malade et qu’elle mourût de son gré dans les commencements de l’agonie, je n’ai que ce remords. Pauvre Madame Mère, victime de la charité, qui ne la sauva de la déchéance, nous l’assommâmes de médicaments auxquels sa tête ne put résister, elle vécut, hélas ! de quelle vie, auprès de quoi l’assassinat physique est une grâce.

    Albert Caraco

    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique