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    L'œuvre de nombreux artistes a été influencée par des pathologies ou des lésions cérébrales. Dostoïevski est épileptique et retranscrit des expériences dans ses romans ; Apollinaire se met à peindre des aquarelles plutôt qu'à écrire des poèmes après avoir reçu un éclat d'obus dans la tête en 1916 ; Braque, également blessé en 1915, change de style après sa trépanation, comme Goya, après son encéphalite ; les compositions de Ravel sont modifiées par son atrophie cérébrale ; Hildegarde de Bingen et de Chirico dessinaient des auras migraineuses ; Dali utilisait son tremblement parkinsonien pour peindre dans ses dernier opus ; Van Gogh totalisait plus de maladies neurologiques que le pauvre docteur Gachet ne pouvait en dépister et la liste des maniaco- dépressifs serait trop longue à énumérer et constitue pour Aristote un élément constitutif du génie.

    "Portrait du cerveau en artiste"  Pierre Lemarquis

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    Toutes ces pensées qui se bousculent, s'entrechoquent, jaillissent et éclatent, explosent, qui vous font la tête aussi vaste que le monde et malgré tout, pourtant, trop petite encore, trop exigüe, trop étroite. La tête qui étouffe, qui se noie, étranglée. Tellement de pensées, d'images, certaines terrifiantes, insoutenables, et qui certainement, sans aucun doute, vous sécheraient sur place d'effroi, pourraient vous tuer, seraient capables de vous calciner le cœur, si elles avaient la capacité d'atteindre l'éclosion totale, absolue, de leur floraison carnivore... si elles n'étaient chassées par d'autres pensées, en bouffées broussailleuses celles-là, folles, et qui se déversent dans le chaos le plus absolu.

    "Le méchant qui danse"  Pierre Pelot *

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    La plupart des gens dans le monde ne veulent pas vraiment être libres. Ils croient seulement le vouloir. Pure illusion. Si on leur donnait vraiment la liberté qu'ils réclament, ils seraient bien embêtés. En fait, les gens aiment leurs entraves.

    Moi aussi j'aime mes entraves. Jusqu'à un certain point, naturellement. Jean-Jacques Rousseau disait que la civilisation naît quand les gens commencent à construire des barrières.

    Finalement, dans ce monde, ce sont ceux qui dressent les plus hautes barrières qui survivent le plus sûrement, et si tu nies ce principe, tu seras refoulé vers la brousse.

    "Kafka sur le rivage" Haruki Murakami *

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    Être seul, ne serait-ce que quelques minutes, et le comprendre de tout son être, est une bénédiction que nous songeons rarement à invoquer. L’homme des grandes villes rêve de la vie à la campagne comme d’un refuge contre tout ce qui le harcèle et lui rend la vie intolérable. Ce dont il n’a pas conscience, c’est qu’il peut être plus seul dans une ville de dix millions d’habitants que dans une petite communauté. L’expérience de la solitude conduit à une réalisation spirituelle. L’homme qui fuit la vie, pour être à même de faire cette expérience, risque bien de s’apercevoir à ses dépens, surtout s’il amène dans ses bagages tous les désirs que la ville entretient, qu’il n’a réussi qu’à trouver l’isolement. « La solitude est faite pour les bêtes sauvages ou pour les dieux », a dit quelqu’un. Et il y a du vrai là-dedans.

    "Big Sur et les Oranges de Jérôme Bosch" Henry Miller

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    Dans cet étrange faubourg en pleine ville où le plus obscure travail s'exécute, personne n'est jamais venu voir. Seul dans la nuit, dans la boue où tremblent des lumières rouges ou vertes, un certain peuple vit. J'ai compris la fatigue de ces pieds attelés au gain, à l'existence.
    Dans l'ombre un homme informe ou une femme sans âge cherche, et, sans qu'on puisse savoir de quoi, emplît sa hotte.
    Mais une autre, en toilette et sur les talons hauts, préfère le halo des réverbères et se met en valeur.
    En passant quelquefois ces deux êtres se frôlent, sans mépris, car c'est leur vie qu'ils cherchent tous les deux sur ce même trottoir.

    "Plupart du temps, 1915-1922"   Pierre Reverdy *

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