• La Cafetière (11)

    — Ce n’est qu’une faiblesse qui m’a pris ; je suis sujet à cela, répondis-je sèchement.

    Je me levai, je me dépouillai de mon ridicule accoutrement.

    Et puis l’on déjeuna.

    Mes trois camarades mangèrent beaucoup et burent encore plus ; moi, je ne mangeais presque pas, le souvenir de ce qui s’était passé me causait d’étranges distractions.

    Le déjeuner fini, comme il pleuvait à verse, il n’y eut pas moyen de sortir ; chacun s’occupa comme il put. Borgnioli tambourina des marches guerrières sur les vitres ; Arrigo et l’hôte firent une partie de dames ; moi, je tirai de mon album un carré de vélin, et je me mis à dessiner.

    Les linéaments presque imperceptibles tracés par mon crayon, sans que j’y eusse songé le moins du monde, se trouvèrent représenter avec la plus merveilleuse exactitude la cafetière qui avait joué un rôle si important dans les scènes de la nuit.

    — C’est étonnant comme cette tête ressemble à  ma sœur Angéla, dit l’hôte, qui, ayant terminé sa partie, me regardait travailler par-dessus mon épaule.

    En effet, ce qui m’avait semblé tout à l’heure une cafetière était bien réellement le profil doux et mélancolique d’Angéla.

    Suite...