• En racontant des choses semblables

     

    En racontant des choses semblables on a toujours l'air de se moquer... viser à l'effet.... Mais les débats c'était pas le pire... La pire des épreuves pour les grands " Céphalo-Bills ", c'était le moment des adieux... alors, c'était peines et douleurs... Ils savaient plus comment faire ... Comment se remettre en branle, fallait pourtant qu'ils retournent chez eux qu'ils se décident à reprendre le train. Quand ils avaient secoué leurs marottes, saccadé, branlé leurs osselets, comme ça, pendant huit, dix séances, fuité leurs derniers lécithines, ils retrouvaient plus la comprenette, ils savaient plus comment se tourner, comment sortir des colloques, comment résoudre ce rébus... lever la dernière séance... repartir encore un coup et puis de revenir un peu plus tard... Ils savaient plus comment s'y prendre... Ils hésitaient de partout ... Ils se choquaient en confusion les uns dans les autres... à travers les chaises affolés autour de la table... ils faisaient des bruits de noisettes en sac... Ils se ratatinaient encore plus... Ils en devenaient... vieux... vieux... vieux... C'était la débâcle des carcasses...
    Sur la question de calendrier, il fallait vraiment qu'on les aide... Pour savoir la date qu'ils reviendraient... qu'ils supposaient revenir... ils en auraient vomi du sang... tellement ils confondaient les jours... ils s'étranglaient dans les dates... pour ne pas arriver à choisir... C'était déjà un hôpital rien qu'à les regarder se débattre dans les convulsions... Ils faisaient toujours grande honte aux secrétaires de service et puis forcément bien pitié !... Ils avaient perdu toute couleur, ces frêles damnés, et passaient du blanc au diaphane, chevrotant a perte de chicots, après tant de séances de fausses luttes... Une terrible cruauté ! ... dans l'apné ils râlaient encore, tous les sphincters en déroute, agoniques méticuleux... ils se maudissaient sur l'Agenda... sur les petites dates en astériques... et puis à cause du mois de juin et puis encore de l'autre mois, l'avril... qui n'avaient pas tous les dimanches et puis un jeudi en plus... et puis un jour de congé qui tombait en travers de l'autre...]
    La " Résolution " les sauvait là encore, au bord de la tombe... Ils s'arrachaient le petit papier... On leur passait les horaires... ils savaient plus où ils allaient... Ils se souvenaient plus de leurs origines, il fallait qu'on les remette en gare... Ils retrouvaient l'exubérance qu'une fois sur le quai... devant les grosses locomotives... Hatchou ! Hatchou !... Une autre frénésie les prenait... Ils s'amusaient comme des petits fous à tous les échos... Ils imitaient les grosses machines, les départs et les grêles trompettes... les sifflets... ta ! ... Ta! ... ta ! ... Ta ! ... Psiii !
    Pssiii ! ... En revoyant comme ça de la " technique ", ils reprenaient la confiance... Ils faisaient amis !... amis !... bien gentiment aux voyageurs, à tout le monde autour, avec leurs petites menottes... On les installait dans le wagon... bien calés, loin des portières, on les recommandait aux personnes qu'étaient dans le couloir... Et puis le convoi s'ébranlait... ils retournaient à leurs travaux... Quand je lui rédigeais ses longues lettres, ses délicates procédures, il me faisait recommencer souvent, Yubelblat C'était sa manière... trois fois... dix fois... quinze fois de suite... vingt fois, un beau jour... C'était son sadisme... à propos de la même broutille, d'une finesse circonlocutoire.
    " Trop catégorique ! Ferdinand ! Beaucoup trop catégorique ! trop aventuré !... Beaucoup trop formel !... Vous nous engagez, Ferdinand !
    faites attention !... Enveloppez !... Enveloppez toujours ! Des propositions... oui certes, il en faut... mais tout doucement... conditionnelles !... Ces précisions sont inutiles... elles intriguent... ils en demanderont davantage... toujours davantage... si vous commencez... Laissez-les donc... ils imagineront beaucoup mieux... ils imagineront des prodiges si vous demeurez assez vague... encourageant mais discret !... un petit peu subtil ! pas trop... un doute... vous me comprenez ?... Un doute... de la nuance... toujours dans la note élégante, vous me comprenez ?... nous ménager les " surprises ", pour nous les " surprises "... nous pourrons ainsi démentir... nous reprendre ... L'insignifiance ! Ferdinand ! je vous l'ai recommandée ! ... l'Insignifiance ! ... comme les jésuites... C'était son dada les jésuites, sa litanie... Toujours enveloppés, on nous redoutera... vous serez craint... vous serez cru... parce qu'on supposera des choses... on imaginera... Le prestige c'est le doute... Faites ça pour moi, Ferdinand. Je vous veux du bien... ne m'engagez pas... Des informations... précises... pour nous... des renseignements vagues pour les autres...
    Vous me comprenez ?... "

    « Carry Your Cross and I'll Carry MineBérisiel II »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :