• I.1

    I.2

     

    Amélie Nothombe

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  • Il était une fois un roi à qui rien ne réussissait. Il envoya demander aux Sages quelles étaient les causes de son insuccès.

    Le premier répondit :

    – Cela vient de ce que tu ne sais jamais choisir ton heure.

    Le second répondit :

    – Cela vient de ce que tu ne connais pas l’homme qui plus que tout autre t’est nécessaire.

    Le troisième répondit :

    – Cela vient de ce que tu ne sais pas quelle est, entre tes affaires, celle qui importe le plus.

    Et le roi envoya encore interroger bien d’autres Sages, leur demandant quelle est l’heure d’agir, comment connaître l’homme indispensable, et comment de toutes les affaires savoir la plus importante.

    Personne ne put trouver la réponse.

    Le roi y pensait sans cesse et posait la question à tout le monde.

    Et ce fut une vierge qui trouva la solution.

    – L’heure la plus importante de toutes, répondit-elle, c’est l’instant présent, car jamais il ne se retrouvera. L’homme le plus indispensable, c’est celui avec lequel nous avons présentement affaire, car c’est celui-là seul que nous connaissons. Quant à la plus importante de toutes les affaires, c’est de faire du bien à cet homme, car cela seul te sera certainement à profit.

    Léon Tolstoï Contes et nouvelles

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  • C’en est fait! - Nos victoires sur la Nature ne se comptent plus. Hosannah! Plus même le temps d’y penser! Quel triomphe!... A quoi bon penser, en effet? - De quel droit? - Et puis: penser? au fond, qu’est-ce que ça veut dire? Mots que tout cela!... Découvrons à la hâte! Inventons! Oublions! Retrouvons! Recommençons et - passons! Ventre à terre! Bah! le Néant saura bien reconnaître les siens.

    O magie! Voici qu’enfin les plus subtils instruments de la Science deviennent des jouets entre les mains des enfants! Témoin le délicieux Appareil du professeur Schneitzoëffer (junior), de Nürnberg (Bayern), pour l’Analyse chimique du dernier soupir.  

    Prix: un double thaler - (7 fr. 95 avec la boîte), - un don!... - Affranchir. Succursales à Paris, à Rome et dans toutes les capitales. - Le port en sus. - Eviter les contrefaçons.

    Grâce à cet Appareil, les enfants pourront, dorénavant, regretter leurs parents sans douleur.

    Ah! le bien-être physique avant tout! - Dût-il ressembler à la description que le moraliste nous donne de l’intérieur du couvent dans Justine, ou la Vertu récompensée.

    C’est à se demander, en un mot, si l’Age d’or ne revient pas.

    Un pareil instrument trouve, tout naturellement, sa place parmi les étrennes utiles à propager dans les familles, à ce double titre: la joie des enfants et la tranquillité des parents.

    L’on peut aussi le glisser dans un oeuf de Pâques, le suspendre aux arbres de Noël, etc.

    L’illustre inventeur fait une remise aux journaux qui voudront l’offrir en prime à leurs abonnés; il se recommande également aux promoteurs de tombolas; les loteries nationales en redemandent.

    Ce bijou peut être placé à propos sous la serviette d’un aïeul dans un dîner de fête - ou dans un repas de noces - ou dans la corbeille, comme présent à la belle-mère, ou même offert, tout bonnement, de la main à la main, aux progénitures de ses vieux amis de la province lorsqu’on désire causer à ceux-ci ce qui s’appelle une charmante surprise.

    Figurons-nous, en effet, l’heure de la sieste du soir  dans une petite ville. - Les mères de famille, ayant fait leurs emplettes, sont rentrées chacune chez soi. L’on a dîné. - La famille a passé au salon. C’est l’une de ces veillées sans visites, où, rassemblés autour de l’âtre, les parents somnolent un peu. La lampe est baissée, et l’abat-jour adoucit encore sa lumière. Les mèches des bonnets de soie noire dépassent, inclinées, les oreillards des fauteuils. Le loto, parfois si tragique, est suspendu; le jeu de l’Oie, lui-même, est relégué dans le grand tiroir. La gazette gît aux pieds des dormeurs. Le vieil invité, disciple (tout bas) de Voltaire, digère paisiblement, plongé dans quelque moelleux . On n’entend que l’aiguille égale de la jeune fille piquant sa broderie auprès de la table et scandant ainsi la paisible respiration des auteurs de la sienne, le tout mesuré sur le tic-tac de la pendule. Bref, l’honnête salon bourgeois respire la quiétude bien acquise.

    Doux tableaux de la famille, le Progrès, loin de vous exclure, vous rajeunit, comme un habile tapissier rénove des meubles d’antan!

    Mais ne nous attendrissons pas.

    A quoi vont s’amuser, alors, les enfants, au lieu de faire du bruit et de réveiller les parents en courroux, avec leurs anciens jouets, - si tapageurs! - Regardez! - Les voici qui viennent, sur la pointe des pieds, on tip toe, en comprimant les frais éclats de leur fou rire inextinguible. - Chut!... Ils approchent, innocemment, de la bouche de leurs ascendants le petit appareil du professeur Schneitzoëffer (junior)!  

    — (En France on prononce Bertrand, pour aller plus vite.)

    C’est là le jeu! — Pauvres petits!… — Ils s’exercent !… Ils préludent à ce moment (hélas ! auquel il devrait être si normal de s’habituer de bonne heure), où ils feront la chose pour de vrai. Ils usent ainsi, par une sorte de gymnastique morale, le trop poignant du chagrin futur qu’ils éprouveraient de la perte de leurs proches (n’était cette factice accoutumance). Ils en émoussent, à l’avance, le crève-cœur final!

    L’ingénieux du procédé consiste à recueillir, dans cet alambic de luxe, bon nombre d’avant-derniers souffles, pendant le sommeil de la Vie, pour pouvoir, un jour, en comparant les précipités, reconnaître en quoi s’en différencie le premier du sommeil de la Mort. Cet amusement n’est donc, au fond, qu’un fortifiant préventif, qui dépure, d’ores et déjà, de toutes prédispositions aux émotions trop douloureuses, les tempéraments si tendres de nos benjamins ! Elle les familiarise artificiellement avec les angoisses du jour de deuil, qui, alors, ne seront plus que connues, ressassées et insignifiantes.

    Et comme, au réveil, on embrasse toutes ces chères têtes blondes ! — Avec quelle douce mélancolie ne presse-t-on pas contre son cœur ces gais espiègles!

    Pourrions-nous, sans forfaire à notre mandat de philosophe, résister au devoir de le redire ?… Fût-ce à contre-cœur ? — C’est un joyau scientifique, — indispensable dans tout salon de bonne compagnie, — et  les services qu’il peut rendre à la société proprement dite et au Progrès prescrivent à tous égards l’obligation de le préconiser avec feu.

    On ne saurait trop inculquer au jeune âge - et bientôt, même, au bas âge, - le goût de ce délassement hygiénique.

    L’appareil Schneitzoëffer (junior) - le seul dont l’usage donne du ton aux nerfs des enfants trop aimants, - est appelé à devenir, pour ainsi dire, le vade mecum du collégien en vacances, qui en étudiera l’application, l’aimable mutin, entre celle de deux verbes pronominaux ou déponents. Ses maîtres lui indiqueront cela comme devoir à faire. - A la rentrée, le joujou, ce sera pour mettre dans son pupitre.

    Heureux siècle! - Au lit de mort, maintenant, quelle consolation pour les parents de songer que ces doux êtres - trop aimés! - ne perdront plus le temps - le temps, qui est de l’argent! - en flux inutiles des glandes lacrymales et en ces gestes saugrenus qu’entraînent, presque toujours, les décès inopinés!... Que d’inconvénients évités par l’emploi quotidien de ce préservatif!

    Une fois le pli bien pris, les héritiers, - ayant acquis l’indifférence éclairée, sympathique, attristée, convenable, enfin, - devant le trépas des leurs, - en ayant, disons-nous, dilué la désolation de longue main, - n’auront plus à redouter les conséquences du trouble et de l’ahurissement où la soudaineté des apprêts lugubres plongeait parfois les ancêtres: ils seront vaccinés contre ce désespoir. Une ère  nouvelle va s'inaugurer, positivement, à cet égard.

    Les obsèques se feront sans trouble, et, pour ainsi dire, à la diable.

    Notre devise doit être en toute circonstance (ne l'oublions jamais!) celle-ci: - Du calme! - Du calme. - Du calme.

    Ainsi, les intérêts, négligés pendant les premiers jours, l'effarement et le désarroi du moment dont ne profite que la rapacité proverbiale des fossoyeurs - (quels noirs tracassiers!...), - les testaments rédigés à la hâte, et, comme on dit, de bric et de broc, - olographes incompréhensibles sur lesquels s'abat la volée de corbeaux des hommes de loi au grand préjudice des collatéraux, devenus inconsolables, - les suprêmes instructions dictées à l'étourdie par les moribonds, l'incurie de la maison mortuaire, les dilapidations des serviteurs, - que de détriments peut conjurer l'usage journalier de l'appareil Schneitzoëffer (junior)!

    On escoffiera les cadavres le plus vivement possible, - et l'on ne s'apercevra même pas, dans la maison, que vous avez disparu. Tout continuera, sur l'heure même, son train-train raisonnable.

    Les arts vont s'en ressentir. Grâce à lui, dans quelque dix ans, le tableau de la Fille du Tintoret ne sera plus remarquable que comme coloration, et les marches funèbres de Beethoven et de Chopin ne se comprendront plus que comme musique de danse.

    Oh! nous n'ignorons pas contre quels préjugés doit lutter Schneitzoëffer!... Mais, sommes-nous, oui ou  non, dans un siècle pratique, positif et de lumières? Oui. - Eh bien! soyons de notre siècle! Il faut être de son siècle. - Qui est-ce qui veut souffrir, aujourd'hui? En réalité? - Personne. - Donc, plus de fausse pudeur ni de sensiblerie de mauvais aloi. Plus de sentimentalités stériles, dommageables, le plus souvent exagérées, et dont ne sont même plus dupes les passants - aux coups de chapeaux convenus devant les corbillards.

    Au nom de la Terre, un peu de bon sens et de sincérité! - Quelques grands airs que nous prenions, étions-nous visibles au microscope solaire il y a quelques années? Non. Donc ne condamnons pas trop vite ce qui nous choque, faute d'habitude et de réflexion suffisante! Courageux libres penseurs, mettons à la mode la dignité souriante de la douleur filiale, en l'émondant, à l'avance, de ses côtés écervelés qui frisent, parfois, le grotesque.

    Disons plus: la pieuse prostration de l'enfant qui a perdu sa vieille mère, par exemple, n'est-elle pas (de nos jours) un luxe que les indigents, harcelés par une tâche obligatoire, ne peuvent se permettre? Le loisir de cette songerie morbide n'est donc pas de première nécessité: l'on peut, enfin, s'en passer! Les gémissements des personnes aisées sont-ils autre chose qu'un gaspillage du temps social compensé par le travail des classes laborieuses qui, moins favorisées de dame Fortune, renforcent les leurs?

    Le rentier ne larmoie sur ses défunts qu'aux frais des besogneux: il se fait offrir, implicitement, le  coût social de cette prérogative, les pleurs, par ceux-là mêmes qui n'ont le moyen d'en répandre qu'à la dérobée.

    Nous appartenons tous, aujourd'hui, à la grande Famille humaine; c'est démontré. Dès lors, pourquoi regretter celui-ci plutôt que celui-là?... Concluons: puisque tout s'oublie, ne vaut-il pas mieux s'habituer à l'oubli immédiat? - Les grimaces les plus affolées, les sanglots, les hoquets les mieux entrecoupés, les hululations et jérémiades les plus désolées ne ressuscitent, hélas! personne.

    Et fort heureusement, même, à la fin!... Sans quoi ne serions-nous pas bientôt serrés, sur la planète, comme un banc de harengs? - Prolifères comme nous le devenons, ce serait à n'y pas tenir. L'inéluctable prophétie des économistes s'accomplirait à courte échéance; le digne Polype humain mourrait de pléthore, - et, - les débouchés intermittents des guerres ou des épidémies une fois reconnus insuffisants, - s'assommer, réciproquement, à grands coups de sorties de bal, deviendrait indispensable si l'on persistait à vouloir respirer ou circuler sur ce globe, - sur ce globe où la Science nous prouve, par A plus B, que nous ne sommes, après tout, qu'une vermine provisoire.

    Ceci soit dit pour ces persifleurs, vous savez? pour ces sombres écrivains qu'il faut relire plusieurs fois si l'on veut pénétrer la véritable signification de ce qu'ils disent.

    - "Sans douleur! Messieurs! accourez! Demandez!  Faites-vous servir! 7 fr. 95 avec la boîte! - Voyez... mesdames et messieurs, voilà l'objet!... L'âme est au fond. Elle doit être au fond! - Le tableau que vous apercevez là, sur la devanture, au bout de ma baguette, représente l'illustre professeur au moment où, débarquant sur les bords heureux de la Seine, il est accueilli par M. Thiers, le Shah de Perse et une foule de personnages éclairés. - L'instrument est inoffensif! Totalement inoffensif. Surtout si l'on veut bien prendre la peine de parcourir - (non d'un oeil hagard et distrait, comme celui dont vous m'honorez en ce moment sublime, mais avec attention et maturité) - l'instruction qui l'accompagne. Les réactifs employés, - révulsifs, toxiques et sternutatoires, - étant le secret de l'Inventeur, l'Administration des brevets nous interdit, malheureusement, de les divulguer. L'avis nous en est parvenu hier, par les soins du Bureau des cocardes.

    Toutefois, pour rassurer les clients de la Bourgeoisie, classe à laquelle s'adresse, tout spécialement, le professeur, nous pouvons révéler que la mixture contenue dans la boule de cristal multicolore dont se constitue l'Appareil en sa forme, est à base de nitroglycérine et chacun sait que rien n'est plus inoffensif et plus onctueux que la glycérine. On l'emploie journellement pour la toilette. (Agiter avant de s'en servir.) - Hâtez-vous! Ces bijoux orthopédiques du coeur sont le succès de l'époque! On les enlève par grosses! La manufacture de Nuremberg est surmenée!...  

    L'étonnant professeur Schneitzoëffer (junior) lui-même est aux abois, ne pouvant plus suffire aux commandes, malgré les obstacles que lui suscite, à tout instant, le clergé.

    Trésor des nerfs, calmant gradué, Oued-Allah des familles, cet Appareil s'impose aux parents sérieux qui, revenus des préjugés du coeur, jugent que si le sentiment est chose à ses moments suave, pas trop n'en faut, lorsqu'on est, véritablement, un Homme! - L'Humanité, en effet, sous l'antique lumière des astres, ne s'appelle plus, aujourd'hui, que le public et l'Homme que l'individu. Nous en prenons à témoin non plus un vague et démodé firmament, mais le Système solaire, mesdames et messieurs, oui, le Système solaire! depuis Mercure jusqu'à l'inévitable Zêta Herculis."

     

    Auguste de Villiers de L'Isle-Adam

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  • Le pavot:
    Attention

    Il ne dormit pas de toute la nuit. Il avait arraché la fleur parce qu’il avait vu dans cet acte un devoir qu’il était tenu de remplir. Dès le premier regard qu’il avait jeté à travers la porte vitrée sur les pétales pourpres du pavot, il lui avait semblé qu’il comprenait ce qu’il avait à accomplir sur la terre. Cette fleur d’un rouge éclatant contenait tout le mal qui existe dans le monde. Elle avait absorbé tout le sang innocent versé (d’où sa couleur), toutes les larmes et tout le fiel de l’humanité. Elle était l’être mystérieux et effroyable opposé à Dieu ; elle était Ahriman, ayant revêtu une forme discrète et innocente. Il fallait l’arracher et la détruire ; mais ce n’était pas tout ; il fallait empêcher qu’en expirant elle ne répandit le mal sur le monde. C’est pourquoi il l’avait cachée dans son sein. Il espérait que le lendemain matin la fleur aurait perdu toute sa force. Tout le mal aurait passé dans sa poitrine à lui ; son âme en triompherait ou serait vaincue, puis lui-même mourrait, mais en loyal champion, le grand champion de l’humanité, puisque personne avant lui n’avait jamais osé engager la lutte avec le Mal,
    — Ils ne l’ont pas reconnu, pensait-il. Moi, je l’ai reconnu. Pourrais-je le laisser vivre ? Plutôt mourir !
    Et il veillait, s’affaiblissant dans une lutte qui, pour être imaginaire, ne l’épuisait pas moins. Le matin, l'aide-chirurgien le trouva à moitié mort. Néanmoins, au bout de quelque temps, l’excitation reprit le dessus. Il sauta à bas de son lit et recommença à arpenter l’hôpital à pas précipités, en adressant aux autres ou à lui-même, d’une voix encore plus forte que les jours précédents, des discours encore plus incohérents.
    On ne le laissa pas sortir au jardin. Le docteur, voyant que son poids diminuait et que son agitation augmentait, lui fit faire des piqûres de morphine qui eurent pour résultat de l’endormir. À son réveil, il avait tout oublié, même la seconde fleur à cueillir.
    Il la cueillit pourtant trois jours après sous les yeux du vieux gardien, avant que celui-ci eût pu l’arrêter. Le vieux courut après lui ; le fou s’enfuit dans l’hôpital avec un grand cri de triomphe, se précipita dans sa chambre et cacha la fleur dans son sein.
    — Pourquoi cueilles-tu les fleurs ? lui demanda le gardien qui l’avait suivi.
    Le fou était déjà étendu sur son lit dans sa pose ordinaire, les bras croisés. Il commença à débiter de telles extravagances que le gardien, sans ajouter un mot, se contenta de lui ôter le bonnet de coton à croix rouge, oublié dans la rapidité de la course, et s’en alla.
    La lutte imaginaire recommença. Le fou sentait le Mal sortir de la fleur en longs fils rampants, semblables à des serpents. Ceux-ci l’enlacèrent, s’entortillèrent avec force autour de ses membres et imprégnèrent tout son corps de leur suc effroyable. L’homme tantôt pleurait et priait, tantôt se répandait en imprécations contre son ennemi.
    Vint le soir. La fleur était fanée. Le fou l’écrasa avec les pieds, ramassa les débris et les porta dans la salle de bains, où il les jeta dans le poêle. Il regarda son ennemi se tordre, crépiter et, enfin, se transformer en une pincée de cendre blanche. Il souffla et tout disparut.

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  • Dieu n’exige pas l’impossible. Mais c’est ici que se manifeste la seconde vue. L’homme souterrain, ce même homme souterrain qui se proclamait le plus vil de tous les hommes, s’écrie tout à coup d’une voix aigre, sauvage, affreuse (tout est affreux dans l’homme souterrain), d’une voix qui n’est pas la sienne (la voix de l’homme souterrain n’est pas la sienne, de même que ses yeux ne lui appartiennent pas) :

    « Fausseté, mensonge ! Dieu exige l’impossible ! Dieu n’exige que l’impossible. Vous tous, vous cédez devant le mur ; mais je vous déclare que vos murs, votre « impossible » n’est qu’une excuse, un prétexte et que votre Dieu, ce Dieu qui n’exige pas l’impossible, est non Dieu, mais une affreuse idole. »

    F.M.Dostoïevski

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