• Tandis que les crachats rouges de la mitraille
    Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
    Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
    Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

    Tandis qu’une folie épouvantable, broie
    Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
    — Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
    Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !…

    — Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées
    Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
    Qui dans le bercement des hosannah s’endort,
     
    Et se réveille, quand des mères, ramassées
    Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
    Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

    Arthur Rimbaud

    * Arthur Rimbaud écrit Le Mal en 1870, poème à travers lequel il exprime une profonde révolte et dénonce l’horreur de la guerre et l’indifférence de Dieu face au carnage (il remet en cause la religion chrétienne).

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Partager via Gmail

    votre commentaire
  • J’ai vu sous de sombres voiles
    Onze étoiles,

    La lune, aussi le soleil,
    Me faisant la révérence,
    En silence,
    Tout le long de mon sommeil.

    La vision de Jacob.

     

     

    L’année dernière, je fus invité, ainsi que deux de mes camarades d’atelier, Arrigo Cohic et Pedrino Borgnioli, à passer quelques jours dans une terre au fond de la Normandie.

    Le temps, qui, à notre départ, promettait d’être superbe, s’avisa de changer tout à coup, et il tomba tant de pluie, que les chemins creux où nous marchions étaient comme le lit d’un torrent.

    Nous enfoncions dans la bourbe jusqu’aux genoux, une couche épaisse de terre grasse s’était  attachée aux semelles de nos bottes, et par sa pesanteur ralentissait tellement nos pas, que nous n’arrivâmes au lieu de notre destination qu’une heure après le coucher du soleil.

    Suite...

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Toutes les Bibles, ou codes sacrés, ont été cause des erreurs suivantes :

    • Que l'homme a deux réels principes existants, à savoir : un corps et une âme.
    • Que l'Energie, appelée le Mal, ne procède que du corps, et que la Raison appelée  Bien ne procède que de l'âme.
    • Que Dieu torturera l'homme durant l'Eternité pour avoir suivi ses énergies.

    Mais contraires à celle-ci, les choses suivantes sont vraies :

    • L'homme n'a pas un corps distinct de son âme, car ce qu'on appelle corps est une    partie de l'âme perçue par les cinq sens, principales entrées de l'âme dans cette    période de vie.
    • L'énergie est la seule vie; elle procède du corps, et la Raison est la borne de
       l'encerclement de l'Enegie.
    • Energie est Eternel délice.

    Ceux qui répriment leur désir, sont ceux dont le désir est faible assez pour être réprimé; et l'élément restricteur ou raison usurpe alors la place du désir et gouverne celui dont la volonté abdique.

    Et le désir réprimé peu à peu devient passif jusqu'à n'être plus que l'ombre du désir.
    La relation de cela est consignée dans le Paradis Perdu, et le Dominateur, c'est-à-dire la Raison, y a nom Messie. Et l'Archange originel ou capitaine de l'armée céleste y est appelé Diable ou Satan, et ses enfants y sont appelés Mors et Péché.
    Mais dans le livre de Job, le Messie de Milton a nom Satan. Car cette relation a été adopté par les deux parties. Assurément, il semble à Raison que Désir a été chassé, mais le rapport du Diable c'est que le Messie tomba et construisit un ciel avec ce qu'il dérobait à l'abîme.
    Ceci est révélé dans l'Evangile, où nous le voyons prier le Père d'envoyer le Consolateur, ou Désir, afin que Raison puisse avoir des idées pour construire _ le Jehovah de la Bible n'étant autre que celui qui habite dans le feu flamboyant.
    Apprends qu'après sa mort, c'est le Christ qui devint Jehovah.
    Mais dans Milton, le Père est le Destin; le Fils, une Raison des Cinq sens, et le Saint-Esprit, le Néant!
    Note. Ce qui fit que Milton écrivait dans la gêne lorsqu'il parlait des Anges et de Dieu, dans l'aisance lorsque des Démons et de l'Enfer, c'est qu'il était un vrai poète et du parti des Démons, sans le savoir.

    W. Blake
    Le mariage du Ciel et de l'Enfer

     Le temps a rendu justice à celui qui, longtemps considéré comme un fou, fut l'immense poète, graveur et visionnaire que l'on sait,
    − éternel enfant, éternel "primitif" que son ardeur imaginative, son lyrisme, sa violence condamnèrent à n'avoir de renommée que posthume.
    Autodidacte, il dénonce la raison tyrannique des philosophes, s'enflamme pour la révolution. Ses admirations sont aussi significatives que ses refus. Il préfigure quelques-unes des lignes de force du romantisme et goûte certains de ses grands intercesseurs, Swedenborg, Shakespeare, Dürer. Une vie intérieure puissante, une simplicité mystérieuse et désarmante guide son bras.
    Dans "Le Mariage du Ciel et de l'Enfer", il proclame l'unité humaine, attaque la prudence et le calcul au nom de l'épanouissement de l'être réconciliant désir, sagesse et raison. L'amour comme haine étant nécessaires à la vie, c'est le choc des contraires qui provoque le surgissement de la force créatrice et la progression de l'être individuel. Il oppose ainsi la raison à la vision intuitive, à laquelle va sa préférence.
    "L'astre Blake étincelle dans cette reculée région du ciel où brille aussi l'astre Lautréamont. Lucifer radieux, ses rayons revêtent d'un éclat insolite les corps misérables et glorieux de l'homme et de la femme". André Gide

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Telle est bien en effet notre nature : tout le mal qui a lieu ici-bas, nous en sommes informés. Chaque matin, le journal nous lance en pleine figure son lot de guerres, de meurtres et de crimes, la folie de la politique encombre nos pensées, mais le bien qui se fait sans bruit, la plupart du temps nous n'en savons rien. Or cela serait particulièrement nécessaire dans une époque comme la nôtre, car toute oeuvre morale éveille en nous par son exemple les énergies véritablement précieuses, et chaque homme devient meilleur quand il est capable d'admirer avec sincérité ce qui est bien.

     
    Stefan Zweig *  *
    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique