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    LETTRE A JAMES BOYER MAY ( 3 /12 /1959) :

    L'autre soir j'ai reçu la visite d'un éditeur et d'un auteur ( Stanley Mac- Nail de The Galley Sail Review accompagné d'Alvaro Cardona-Hine ) et le fait qu'ils m'ont trouvé négligé , la tête dans le cul , ne peut pas être entièrement de ma faute : le caractère de leur visite était aussi impromptu qu'un lâcher de bombe atomique .
    Ma question est la suivante : Est-ce qu'un auteur à partir du moment ou il est publié devient une propriété publique susceptible d'être fouillée sans préavis ou bien détient-il encore quelques droits à une vie privée en tant que citoyen qui paye ses impôts ?
    Serait-ce vulgaire de dire que le seul avantage à être artiste reste ( encore ) la possibilité de prendre ses distances vis-à-vis d'une société sur le déclin , ou s'agit-il simplement d'un concept tombé en désuétude ?
    Il ne me semble pas que ce soit ignoble ou pédant d'exiger quelque liberté par rapport à l'esprit de clan malsain et la fraternité collante qui sévit dans beaucoup de nos soit-disant publications d'avant-garde .

    "Sur l'écriture" *

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    Le pire être humain de la terre mérite de se torcher le cul. Ça m’est arrivé de me relever pour découvrir qu’il n’y avait plus de papier, de chercher le papier protège-sièges et il n’y en avait plus non plus. Tu te lèves pour constater que le tien vient de tomber dans l’eau. Après ça, tu as peu d’alternatives. Celle que j’ai trouvée et qui me satisfait le plus, c’est de m’essuyer avec mon slip, de le coller dans la cuvette, de tirer la chasse et de boucher les chiottes.

    "Factotum"  Charles Bukowski *

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    "Cher M. Chinaski,
    j'aime toujours ce que vous faites mais j'aimais mieux vos trucs d'avant, je veux dire l'époque où vous écriviez des phrases du genre, "lorsqu'elle s'est penchée j'ai vu tout son cul". L'époque où vous écriviez sur les cellules de dégrisement, les rats les cafards, les souris.
    J'aimais toutes les embrouilles avec les femmes, j'ai aussi des galères avec les femmes et j'adhérais complètement à ce que vous décriviez.
    J'aimais toute la dinguerie, les bagarres dans les ruelles, les descentes de police, plus d'histoires dans ce goût-là s'il vous plaît, ça m'aide à tenir le coup. Je sais que ça vous en touchera une sans faire bouger l'autre mais je tenais à vous le dire, quand même. On est toute une bande à boire des coups, on met des disques de Frank Sinatra et puis on lis vos textes à voix haute.
    Donnez-nous davantage de la vieille came. Ouais, ouais !"

    "Tempête pour les morts et les vivants"

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    Bukowski porte des maillots de corps marron. Bukowski a peur en avion. Bukowski déteste le père Noël. Bukowski s'amuse à sculpter des gommes. Une goutte de pluie tombe, Bukowski pleure. Et quand Bukowski pleure, il se met à pleuvoir. O source des fontaines, ô bourses, ô fontaines des bourses, ô Homme, avec ta laideur comme un étron frais écrasé sous la semelle, ô police toute-puissante, ô armes toutes toutes-puissantes, ô tyrans tout-puissants, ô cinglés universels tout-puissant, ô l'infinie solitude de la pieuvre, ô le tic-tac de la pendule qui nous fait peur à tous, ô les pauvres cloches tombées dans l poussière au milieu de toute la richesse de l'Amérique, ô enfants qui deviendrez laids, ô laids qui deviendrez très laids, ô la tristesse et les sabres et les murailles qu'on cimente - plus de père Noël, ni de Chat Botté, ni de Baguette Magique, ni de Cendrillon, ni de Bons Génies; des dingues, rien que des dingues, partout la merde, les coups de fouets et le nettoyage de la merde; partout des médecins sans malades, des nuages sans pluies, des jours sans lumière, ô Dieu tout-puissant, toi qui nous as mis dans ce pétrin.
    Quand je débarquerai dans ton palais CERF-VOLANT au milieu des anges professionnels je veux entendre Ta voix simplement dire PITIÉ PITIÉ PITIÉ POUR TOI et pour nous et pour tout le mal que nous te ferons, à Irola j'ai tourné direction Normandie, oui mon vieux, je suis rentré chez moi, je suis tombé dans mon fauteuil et j'ai écouté la sonnerie du téléphone.

    "J'ai descendu un type à Reno" (Contes de la folie ordinaire)

     

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    Bukowski l'écrivain du siècle; une statue de Bukowski se branlant devant le Kremlin; Bukowski et Castro sous le soleil cubain, statue plaquée guano, Bukowski et Castro pédalant vers la victoire sur un tandem, avec Bukowski sur la selle arrière; Bukowski en train de se baigner dans un nid d'hirondelles; Bukowski le dompteur fouette une esclave nubile, une blonde superbe et tout, quatre-vingt-dix de tour de poitrine, une blonde superbe avec un bouquin de Rimbaud à la main; Bukowski, drôle d'oiseau en cage dans l'univers et qui se demande bien par où la chance s'est envolée... Bukowski courant après Judy Garland, quand déjà c'était trop tard.

    "J'ai descendu un type à Reno" (Contes de la folie ordinaire)

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