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    Le chauffeur se calait dans son siège et on fonçait sur cette étroite bande de ciment bordée d’eau, et tous les passagers du bus, les vingt-cinq ou quarante ou cinquante-deux personnes, lui faisaient confiance ; moi : jamais. Des fois c’était un nouveau chauffeur, et je pensais : comment sélectionnent-ils ces fils de pute ? L’eau était profonde des deux côtés ; à la moindre erreur d’appréciation, il nous tuait tous. C’était ridicule. Imagine qu’il se soit disputé avec sa femme ce matin ? Ou qu’il ait le cancer ? Ou des visions mystiques ? Mal aux dents ? N’importe quoi. C’était couru : il nous foutait en l’air. Je savais que si c’était MOI qui conduisais, j’aurais envisagé la possibilité ou eu l’envie de noyer tout le monde.

    "Factotum"

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    "Personne d’autre que toi ne peut te sauver.
    tu te retrouveras sans cesse
    dans des situations quasiment impossibles.
    ils essaieront encore et encore
    usant de subterfuges, de tromperie, par force,
    de te soumettre, te faire lâcher prise et/ou
    crever tranquillement de l’intérieur.
    personne d’autre que toi ne peut te sauver
    et il serait facile d’échouer,
    si facile.
    mais non, non et non.
    regarde-les tout simplement
    écoute-les.
    tu veux être comme ça ?
    un être sans visage, sans esprit, sans cœur ?
    tu veux expérimenter la mort avant de mourir ?
    personne d’autre que toi ne peut te sauver
    et tu vaux la peine d’être sauvé.
    c’est une guerre pas facile à gagner
    mais si quelque chose vaut bien la peine d’être sauvé
    c’est ça.
    pense-y.
    pense à sauver ta peau."

    Charles Bukowski

     

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    Le monde du turf a changé. Voilà quarante ans, même les perdants se fendaient la gueule. Les bars ne désemplissaient pas. C’est désormais un autre public, une autre ville, une autre société. On ne jette plus l’argent par les fenêtres, on ne plaisante plus avec l’argent, on ne croit plus aux rentrées d’argent. L’univers tout entier agonise. Dans ses vêtements usés. La bouche amère, la peau flétrie. Il faut que l’argent rapporte. Vous voulez de l’argent ? Cinq dollars de l’heure. L’argent occupe toutes les conversations. Argent des chômeurs et des travailleurs clandestins. Argent des voleurs à la tire, des cambrioleurs, argent des déshérités. Le fond de l’air est gris. Et les queues s’allongent indéfiniment. On a appris aux pauvres à piétiner sur place. Et les pauvres en perdent le goût de vivre.

    Le Capitaine est parti déjeuner... *

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    Un soir, des gens arrivent. Je dis à ma femme :
    « Je te présente Louis Petit-Cul, et celle-là c’est Marie, la Reine de la Pipe Minute, lui c’est Nick le boiteux. »
    Puis je me retourne vers eux et je commence :
    « Ma femme… ma femme… ma… »
    A la fin je la regarde et je dis :
    « BORDEL C’EST QUOI TON NOM AU FAIT ? »

    "Contes de la folie ordinaire "

     

     

     

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    Quand je retourne dans mon quartier et que je passe devant la maison où j'ai vécu, je constate que des inconnus y habitent. Pourtant, ces dimanches étaient sympas, la plupart des dimanches étaient sympas, minuscules lumières dans les jours sombres de la dépression, quand nos pères arpentaient leurs porches, impotents, sans travail, et nous regardaient nous dérouiller, puis rentraient pour fixer les murs, hésitant à allumer la radio à cause de la note d'électricité.

    "Au sud de nulle part"

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