• "Ça arrive bien, comme ça, de s'égarer dans ses propres sentiments et de battre la campagne. Ça ne provient de rien d'autre que d'un trop plein d'une stupide flamme dans le cœur."

    Dostoïevski *

     

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  • Que de terribles vies de poètes nous avons connues! Hölderlin errant sur les routes du monde, ou enfermé dans la tour sur le fleuve; Baudlaire paralysé, aveugle d'un oeil, articulant à grand-peine "Bonjour monsieur", "Bonsoir monsieur"; Verlaine au milieu des ordures de Paris; Marina Tsvetaïeva, qui monte sur une chaise, lance une corde au-dessus d'une poutre et se pend ...

    Et pourtant, en lisant les lettres d'Hönderlin, de Baudlaire, de Marina Tsvetaïeva, nous découvrons une richesse immense, fourmillante , parfois un bonheur dans la tragédie. Quiconque tente de lire les lettres de Poe en a le coeur serré. Ce n'est que désolation: désolation funèbre, spectrale. Il n'y a jamais un instant de bonheur. Jamais un véritable espoir. Jamais un battement de coeur. Et sur cette désolation funèbre, plane l’inexplicable.

    Baudlaire lui aussi fut frappé par cet inexplicable, et en donna une explication métaphysique.

    "Il y a, dans l'histoire littéraire [...], de vraies damnations, des hommes qui portent le mot guignon écrit en caractères mystérieux dans les plis sinueux de leur front...Existe-t-il donc une Providence diabolique qui prépare le malheur dès le berceau, qui jette avec préméditation des natures spirituelles et angéliques dans des milieux hostiles, comme des martyrs dans les cirques?"

    Le cas de Poe est plus atroce. Dans son monde, tout entier contenu dans les étroites parois de son crâne, où même les arbres et la lumière sont des projections du moi, il n'existe pas de dieux: il n'est aucune providence diabolique, aucune guignon. Le seul Dieu, c'est lui, qui a tiré du néant ses dieux ténébreux, a créé le destin et le guignon comme s'il ne tolérait rien d'étranger dans sa vie - et, avec son terrible esprit logique, les a portés jusqu'au bout, jusqu'à l'extrême. Le ressort de cette défaite fut la piété familiale.

    Pietro Citali *

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